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avec jalousie, en sorte que cette jalousie les sauve, puisque sa bonté n’a pu le faire. De là, dans Ézéchiel, ce langage de Dieu à Jérusalem, qui ne méritait pas, à cause de ses trop grands péchés, d’être visitée par sa jalousie et sa colère : « Ma jalousie s’est éloignée de vous, et je ne m’irriterai plus désormais contre vous. » Eze. 16, 42. Par conséquent, tant que le monde faisait pénitence, sa consommation ne se faisait pas ; mais l’iniquité s’étant multipliée et la charité refroidie, et les faux prophètes allant jusqu’à vouloir séduire les élus mêmes de Dieu, Mat. 24, 24 le Seigneur jaloux vient alors exercer sa vengeance. Ce n’est pas qu’il soit, lui aussi, un ennemi avide de vengeance, comme l’Écriture dépeint le diable ; mais sa vengeance ressemble à de l’inimitié, parce que, comme le feu, elle consume le bois, l’herbe et la paille, pour qu’il ne reste que l’or pur et l’argent.
« Le Seigneur fait éclater sa vengeance et le fait avec fureur : le Seigneur se venge de ses ennemis et se met en colère contre ceux qui le haïssent. » Nah. 1, 1. Les Septante : « Le Seigneur se venge avec fureur : le Seigneur se venge de ses adversaires, et il fait disparaître lui-même ses ennemis. » Dans l’un et l’autre sens, la colère du Seigneur vient de ce qu’il reprend ceux qu’il aime, Pro. 3, 1 ss et qu’il châtie tout homme qu’il reçoit au nombre de ses enfants, pour ôter de leur cœur toute opposition et toute inimitié à sa volonté, afin qu’après qu’il a brisé leurs desseins hostiles et imposé silence à leurs discours rebelles, ils reviennent à leur ancien état. Au reste, la prophétie dit ensuite : « Le Seigneur est patient, et sa force diffère le châtiment ; » mais, comme nous nous sommes promis d’exposer en même temps l’histoire, par adversaires et ennemis de Dieu, entendons les Assyriens, contre lesquels il se vengera avec fureur et indignation, après s’être longtemps montré patient envers eux.
« Le Seigneur est patient et grand en puissance, et, en les absolvant, il n’en laissera aucun impuni. » Nah. 1, 2. Le grec est encore plus significatif : et ne punissant pas, il ne laissera pas impuni. » Voici le sens : Sa patience a été longue à l’égard des Assyriens criminels, et dans la force de sa magnanimité, il a longtemps souffert leurs iniquités, tout en les exhortant à la pénitence ; mais puisque, méprisant la bonté divine, ils se sont, dans l’impénitence de leur cœur, amassé un trésor de colère pour le jour de la colère, Rom. 2, après avoir été si patient, il ne permettra pas qu’ils s’en aillent impunis, comme s’ils étaient purs et innocents ; ou certainement voici l’explication, puisque nous vouions en même temps entendre en bonne part ce qui est dit : Il est patient, lui qui soutient tous ceux qui tombent et qui les relève après leur chute ; Psa. 149, 1 ; lui qui guérit ceux dont le cœur est dans la tribulation et qui panse leurs blessures ; et sa force est grande, puisqu’il anéantit les inimitiés dans la chair, et qu’il ne laisse aucune faute dans l’impunité, enseignant par les corrections, à ceux qui s’applaudissent trop de leur propre force, que c’est, non point