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et foulée aux pieds comme l’argile dont on fait la brique. Et ce jour-là repoussera les ordonnances de la loi, non pas les ordonnances de Dieu, mais celles dont vous aviez imposé l’observation, ô Babylone, contrairement à la loi de Dieu. Et vos villes seront assiégées ou divisées, les Assyriens vous attaquant – puisque Babylone était une ville des Chaldéens, et non pas des Assyriens. – Et vos villes fortes seront partagées par l’armée ennemie, depuis Tyr jusqu’au fleuve du Tigre, qui vous entoure, et depuis la Grande-Mer jusqu’à la mer Rouge, qui touche un côté de vos régions, sur le chemin de ceux qui vont aux Indes. Depuis une montagne jusqu’à l’autre montagne, c’est-à-dire depuis les montagnes de la Judée jusqu’à celles de la Médie et de la Perse, toute la Mésopotamie et toute la contrée dont vous occupez maintenant le centre et que vous possédez, tombera sous l’empire de vos adversaires ; et votre terre sera dans la désolation à cause des fruits d’iniquité de vos pensées. Là où les Septante ont traduit par « de Tyr », observons que le texte hébreu porte Masor, mot qui veut dire « de Tyr », si on sépare la proposition Ma du nom Sor ; mais en un seul mot, il signifie fortification. Au reste, à l’exception des Septante, toutes les traductions lui ont donné cette dernière signification. Voilà le commentaire selon le texte hébreu, avec les vœux d’Israël selon la chair et du peuple retranché comme prélude superflu. Abordons maintenant le sens spirituel, et cherchons à pénétrer même les points les plus difficiles, en en demandant l’éclaircissement à l’Esprit saint lui-même qui les a écrits.
Cette Jérusalem me paraît être toute âme où avait été bâti le temple du Seigneur, et où était la vision de la paix et la connaissance des Écritures. Plus tard, vaincue par les péchés, menée en captivité et livrée aux tourments, elle s’élève contre Babylone, c’est-à-dire contre la confusion de ce monde et contre l’ennemi qui est le prince de monde : Ne m’insulte pas, ô mon ennemie, parce que je suis tombée, car je me relèverai. Le Seigneur, en effet, relève ceux qu’il avait brisés, Psa. 149, 1 ss et il dit, par la bouche du Prophète : « Celui qui est tombé ne se relèvera-t-il pas ? » Jer. 8, 4… « Je ne veux pas la mort du pêcheur, mais seulement qu’il revienne à moi et qu’il vive. » Eze. 33, 11. Si vous me méprisez parce que je suis dans les souffrances, apprenez d’Ézéchiel que les peines sont d’abord appliquées aux plus saints et que l’ordre du Seigneur est celui-ci : « Commencez par mes saints. » Eze. 9, 6. Si c’est parce que je marche dans les ténèbres, sachez que le Seigneur est ma lumière. Quoique les princes de ces ténèbres m’aient trompée, que je sois assise dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et que mes pieds se heurtent contre les montagnes couvertes de ténèbres, néanmoins la lumière s’est levée pour ceux qui sont assis