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lui offrirai-je pour mon impiété mon premier-né, et quelque autre de mes enfants pour le péché de mon âme ? » Dieu a provoqué le peuple en jugement, et le peuple qui connaît son péché, au lieu de contester, essaie de la prière, sans avoir toutefois confiance dans ces prières elles-mêmes. Il n’y a, en effet, rien qui soit digne d’être offert à Dieu pour le péché, aucune humiliation ne peut effacer la tache des crimes, parce qu’il n’est pas possible que le sang des taureaux et des veaux, les holocaustes engraissés et le sacrifice des béliers et des boucs gras, lavent les souillures de l’âme. Heb. 10, 1 ss. Offrirai-je pour mon crime, dit-il, mon premier-né, comme le fit le roi de Moab ? 2 Ro. 3, 1 ss ou quelque autre de mes enfants, pour le péché de mon âme, à l’exemple de Jephthé offrant sa fille à la suite de son vœu téméraire ? Jdt. 11, 1 ss. Mous donc qui sommes membres du peuple de Dieu, sachant que nul homme vivant ne sera trouvé juste devant lui, Psa. 142, 1 ss et disant : « Je suis devenu comme une bête en votre présence », Psa. 72, 23, lorsque nous faisons pénitence pour nos péchés, nous doutons et nous nous écrions : « Comment saisirai-je le Seigneur, et suis-je digne de recevoir le Très-Haut, mon Seigneur ? » Comment pourrai-je l’arrêter quand il me fuit ? suis-je assez pur pour que la Trinité daigne être mon hôte ? Le retiendrai-je au moyen des holocaustes, en m’offrant tout entier à lui, ou au moyen des veaux d’un an, en abandonnant le lait pour une nourriture solide, et en devenant digne de l’année du pardon du Seigneur ? offrirais-je mille béliers et dix mille boucs ? lui présenterais-je en moi toutes les victimes du Lévitique comprises selon l’esprit, en tomberait-il mille â ma droite et dix mille â ma gauche, Psa. 90, 1 ss que néanmoins je n’aurai pu offrir rien qui méritât de fixer mon Dieu près de moi et de me le donner pour hôte. Si j’offrais pour mon impiété mon premier-né, et quelqu’un de mes enfants pour le péché de mon âme, j’offrirais sans doute tout ce qui a la primauté en moi, et pourtant je n’offrirais à Dieu rien qui fût digne d’effacer mon péché et mon impiété. De là cette prière de David : « Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité et purifiez-moi de mon péché ; car je reconnais mes iniquités et j’ai toujours ma faute devant les yeux. » Psa. 1, 3. Pour le péché de l’âme, le sang seul est une digne offrande, et le sang, non pas des veaux ou des béliers ou des boucs, mais du suppliant lui-même, puisque à cette question qu’il se pose : « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les bienfaits dont il m’a comblé ? » le Roi-Prophète répond ensuite : Je prendrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur. C’est une chose précieuse devant les yeux du Seigneur que la mort de ses saints. » Psa. 115, 12-15. Or, même ce sang, nous ne le donnons pas, nous le rendons. Et où est la ressemblance ? tandis que le Juste