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que le pécheur menait. Au reste, l’Apôtre ajoute : « Il le détruira par l’éclat de sa présence ; » si la mort qu’il lui a donnée était la cessation de l’existence, il ne pourrait le détruire ensuite. La consomption des ennemis s’entend ici conformément à cette maxime des Proverbes de Salomon : « La mort sera l’hôte des impies ; » elle ne sera pas sans retour, elle ne les anéantira pas, elle sera simplement leur hôte jusqu’à ce que soit consumée l’impiété qui est entre eux ; car Dieu créa l’homme pour qu’il ne pérît pas, et il n’a pas fait la mort.
Le texte poursuit ainsi : « Et il arrivera en ce jour-là », lorsque votre main, ô Israël, se sera élevée au-dessus de tous ceux qui vous combattent, et que tous vos ennemis auront péri, il arrivera que je mettrai à mort vos chevaux au milieu de vous, c’est-à-dire les mouvements lascifs nés du chef de votre cœur et qui se ruent à la manière des chevaux qui ont rompu leur frein ; je briserai vos chariots, les vices en qui vous vous complaisiez, par qui vous entassiez péchés sur péchés, et dont vous vous faisiez un trône comme un triomphateur de son quadrige. Je ruinerai les villes de votre terre ; car au heu de bâtir la ville où les eaux abondantes du fleuve de Dieu portent la joie, Psa. 45, 1 ss celle qui est assise sur les montagnes, Mat. 5, 1 ss la céleste Jérusalem, vous avez bâti celle qu’avait fondée Caïn. Gen. 4, 1 ss. Aussi le texte dit-il les villes de votre terre, parce qu’elles sont édifiées avec les œuvres terrestres. « Je vous ôterai toutes vos fortifications », les richesses, la pompe mondaine, l’éloquence des rhéteurs, les toiles d’araignées des dialecticiens, tout ce en quoi vous mettiez voire confiance comme dans des forteresses. a J’ôterai d’entre vos mains les sortilèges », par quoi, on vous étiez la dupe des autres, ou, après avoir été dupé, vous faisiez de nouvelles dupes, et il n’y aura plus parmi vous personne qui les dise ou les prononce. Maintenant l’univers est plein de ces discoureurs ; ils disent ce qu’ils ne savent pas, ils enseignent ce qu’ils n’ont pas appris, ils sont maîtres sans avoir jamais été disciples, Lorsque Dieu aura enseigné à l’homme la vraie science, les fausses présomptions cesseront et la doctrine mensongère aura fait son temps. « J’exterminerai et j’ôterai du milieu de vous vos statues et vos idoles. » Nos statues, elles ont été faites par ceux dont les paroles nous trompent, ou nous les avons façonnées nous-mêmes en nos erreurs. De là le précepte de la Loi, Exo. 20, 1 ss que nous ne devons point nous faire des statues, et que nous ne devons pas établir des idoles dans notre terre ; Lev. 26, 1 ; et désormais, est-il écrit, vous n’adorerez plus les ouvrages de vos mains. Deu. 5, 1 ss. Malheureuse condition de l’homme et pleine de folie et d’erreur ! il sait que ces dogmes sont de son invention, il n’ignore pas qu’il a fabriqué lui-même l’idole, et, au lieu de Dieu, il adore les ouvrages de ses mains, il se courbe, afin de tromper les autres, étant trompé lui-mème. La prophétie adressée aux restes de Jacob ajoute :