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de plus d’avoir gardé ses commandements, et d’avoir marché avec un visage abattu devant le Seigneur tout-puissant ? Et maintenant nous n’appellerons heureux que les hommes qui sont ennemis de Dieu, puisque tous ceux qui commettent l’iniquité et qui ont résisté à Dieu se sont sauvés de tous les périls. » Il avait dit auparavant : Vous avez fait de la peine au Seigneur par vos discours ; et vous avez répondu : En quoi lui avons-non s fait de la peine ? En ce que vous disiez : Quiconque fait le mal est bon en la présence du Seigneur, et il aime de telles gens : en vérité, où est le Dieu de la justice ? Maintenant il répète la même chose avec plus de développements. En effet, le peuple qui, de retour de Babylone, paraissait avoir la connaissance de Dieu, et observer la loi, et comprendre son péché, et offrir des victimes pour le péché, payer les dîmes, observer le sabbat et les autres choses qui ont été ordonnées par la loi de Dieu, ce peuple, dis-je, voyant que toutes les nations qui l’environnaient étaient dans l’abondance de toutes choses, tandis que lui était dans le besoin et dans la misère et souffrait la faim, se scandalisait de chaque chose en particulier, et disait : Quel profit me revient-il d’adorer un seul et vrai Dieu, d’avoir les idoles en abomination, et de marcher avec un visage abattu devant Dieu, en ressentant une vive douleur des péchés ? Ce passage, comme nous l’avons dit plus haut, est exposé avec plus de détails dans le psaume soixante-douzième. C’est pourquoi le prophète, qui est un médecin spirituel, panse toutes les blessures, et atteste qu’il coupe comme avec un instrument tranchant les paroles de blasphème, et il dit, comme s’il parlait de la personne de Dieu : Les paroles injurieuses que vous dites contre moi se multiplient de jour en jour, ou s’aggravent : car, selon Zacharie, l’iniquité est assise sur un talent de plomb, Zac. 5, 1 seqq. et ce qui est dit contre Dieu est rabaissé parla masse pesante des blasphèmes. Ceux qui ne comprennent pas ce qu’il y a de très injurieux et de blasphématoire dans leurs paroles interrogent : Qu’avons-nous dit contre vous ? Le Seigneur leur répond : Vous avez dit : C’est en vain que l’on sert Dieu ; qu’avons-nous gagné pour avoir gardé ses commandements ? Ils réclament dans le siècle présent la récompense pour le service de Dieu, et c’est pour cela qu’ils ne la reçoivent pas. Que nous a-t-il servi d’avoir marché avec un visage abattu devant le Seigneur, selon ce qui est écrit dans les psaumes : « Je marchais accablé de tristesse durant tout le jour ; » Psa. 37, 7 ; nous appelons donc heureux les arrogants, qui s’élèvent insolemment contre Dieu, et lancent contre Lui des paroles d’impiété et de blasphème ; puisqu’ils se sont établis, et qu’après leurs crimes et leurs blasphèmes, ils prospèrent en tout. Ils ont tenté Dieu, ou bien ils lui ont résisté et ils se sont sauvés de tous les périls. Dans leur opinion, le salut, c’est la félicité du siècle présent, aussi sont-ils trompés par leurs erreurs. Nous pouvons aussi entendre cela des hérétiques Marcion et Valentin, qui, n’acceptant pas le nouveau Testament et parlant injurieusement