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dont ils se seront servis eux-mêmes. Et de même qu’il est écrit dans le Lévitique : « Si vous marchez contre moi avec un cœur pervers, moi, de mon côté, je marcherai contre vous avec une fureur semblable à la vôtre », Lev. 26, 27-28, de même aussi il exhorte maintenant son peuple à retourner à Lui, afin que lui-même à son tour revienne à eux. Mais ceux-ci ne comprenant pas qu’ils se sont éloignés du Seigneur, interrogent impudemment : « En quoi retournerons-nous à vous ? » Et ils disent : Quand nous sommes-nous éloignés, pour que nous soyons justement forcés de revenir ? Le Seigneur répond ; « Un homme doit-il outrager Dieu, comme vous m’avez outragé ? ». Le mot hébreu hajecba a été interprété par les Septante par : « s’il trahit », à la place de quoi Aquila, Symmaque et Théodotion, ont mis « s’il trompe », en sorte que le sens est celui-ci ; L’homme doit-il tromper Dieu, comme vous m’avez trompé ? En effet, si l’on s’en rapporte à l’ordre de l’histoire, comme le peuple retenait aux lévites les dîmes et les prémices qu’il leur devait, le Seigneur dit que c’est lui-même qui souffre la fraude, puisque ses ministres ont déserté le temple, forcés qu’ils étaient de le faire par la faim et le besoin. Car si, dans la personne des autres, il est visité dans la prison, s’il est soigné lorsqu’il est malade, si on lui donne de la nourriture et de la boisson lorsqu’il a faim et qu’il a soif, comment ne recevrait-il pas lui-même les dîmes dans la personne de ses ministres, et, si on ne les donne pas, comment ne serait-il pas lui-même privé de la part qui lui revient ? Le mot hajecba, dont nous avons parlé, est interprété, dans la langue des Syriens et des Chaldéens, par « s’il attachera » : c’est pour cela que nous aussi nous avons, il y à plusieurs années, traduit de cette manière, en rapportant ce qui a été écrit plutôt au mystère de la passion du Seigneur, dans laquelle les hommes crucifièrent Dieu, qu’aux dîmes et aux prémices. Que le lecteur cherche dans sa prudence de quelle manière notre interprétation s’accorde avec les mots suivants : « dans les dîmes et dans les prémices », et qu’il voie si nous pouvons dire : « Pour que vous m’attachiez à la croix » ; pour en venir jusqu’à porter sur votre Dieu des mains criminelles, vous avez préludé auparavant par beaucoup d’autres crimes, et surtout en soustrayant, je ne dis pas à mes prêtres et aux lévites, mais à moi-même, les dîmes et les prémices que par Moïse j’ai ordonné qu’on me donnât. Exod. 23, 1 seqq. Nous n’en dirons pas davantage sur ce passage, laissant le lecteur libre de juger si nous avons bien compris. Suivons maintenant l’ordre de la prophétie. Parce que vous ne m’avez pas payé les dîmes et les prémices, que vous m’avez trahi, trompé et fraudé, toute votre maison a été maudite, et vous avez tous souffert