Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/484

Cette page n’a pas encore été corrigée

nécessaire, et je vous distribuerai la nourriture, et je ne laisserai pas ravager le fruit de votre terre ; il n’y aura point de vigne stérile dans vos campagnes, dit le Seigneur tout-puissant. Toutes les nations vous appelleront un peuple heureux, parce que vous serez une terre où l’on voudra habiter, dit le Seigneur tout-puissant. » Nous avons dit aussi en commençant qu’on doit entendre par le prophète Malachie le prêtre Ezras ; et que tout ce qui est écrit dans son histoire est contenu aussi dans ce volume ; et maintenant nous disons que du temps de Malachie et de Néémias, qui évidemment vivaient à la même époque, il y eut une très grande famine, qui fut cause d’une sédition. Les Juifs, manquant de tout, furent forcés de vendre leurs fils, leurs filles, tous leurs biens et tout ce qu’ils possédaient ils en vinrent enfin à dire : « Nous avons trop de fils et de filles, vendons-les, et achetons en du blé pour nous nourrir et avoir de quoi vivre, il y en avait qui disaient : Engageons nos champs, nos vignes et nos maisons, afin d’avoir par ce moyen du blé pendant la famine. J’entrai dans une grande colère, dit Ezras, lorsque je les eus entendus se plaindre de la sorte. Après avoir pensé en moi-mème au fond de mon cœur, je fis une réprimande aux principaux du peuple et aux magistrats », Esd. 5, 2 et seqq, et le reste à l’époque donc de cette famine, les vivres étaient si chers que les Juifs étaient forcés de vendre leurs fils ; et ceux qui possédaient peu, aussi bien que ceux qui avaient entassé beaucoup de fruits clans leurs greniers, ne voulurent pas, à cause de la nécessité ou de la grandeur du prix, payer les dîmes aux lévites, qui n’avaient pas de part dans l’héritage de la Judée, et dont les prémices et les dîmes constituaient l’héritage. Pour qu’on ne croie pas que nous disons cela de notre chef, rapportons le témoignage d’Ezras : « Et je reconnus, dit-il, que la part des Lévites ne leur avait pas été donnée, et que chacun d’eux, et des chantres et de ceux qui servaient au temple, s’était enfui et retiré en son pays. Alors je parlai avec force aux magistrats, et je leur dis : Pourquoi avons-nous abandonné la maison de Dieu ? Après cela, je rassemblai les lévites, et je les fis demeurer dans les fonctions de leur ministère. Tout Juda apportait dans les greniers les dîmes du blé, du vin et de l’huile, et nous établîmes pour avoir soin des greniers Sélémias, prêtre, et Sadoch, docteur de la loi, et le reste. » Esd. 13, 10 et seq. Nous avons entendu l’histoire d’Ezras, répétons maintenant les paroles du prophète, en considérant avec plus de soin si l’histoire et la prophétie s’accordent ensemble. Lorsqu’il est dit : Revenez à moi, et moi je reviendrai à vous, dit le Seigneur tout-puissant, il est évident que ceux que le prophète exhorte à retourner au Seigneur se sont éloignés de lui. Et voyez la clémence du Seigneur : il promet de son côté de rendre la pareille, et de se servir à leur égard de la mesure