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ne veulent que je leur fasse sentir leurs méfaits, qui né tarderont pas à être produits, s’ils continuent leurs provocations. Quant à leur grief, que je compile les œuvres d’Origène et qu’il ne convient pas de profaner les écrits des anciens, ce qu’ils croient être une épigramme acérée, je le regarde comme le plus grand des éloges, alors que je m’efforce d’imiter un auteur qui, j’en ai l’assurance, plaît à tous les gens sages et à vous-mêmes. Si c’est un crime de transporter en notre langue ce qu’il y a de bien dit chez les Grecs, qu’on accuse Ennius et Virgile, Plante, Cécilius et Térence, Cicéron aussi et tant d’autres hommes éloquents qui ont traduit, non-seulement des fragments, mais de nombreux chapitres, des livres tout au long, des fables entières ; qu’on proclame aussi coupable de plagiat notre Hilaire, parce qu’il a rendu près de quarante mille versets des psaumes d’après le sens du même O ri gène. Je préfère rivaliser de négligence avec tous ces écrivains, qu’imiter l’obscure diligence de mes envieux. Mais il est temps de dicter un autre livre sur Michée, et d’écraser les têtes renaissantes de l’hydre avec la massue de la prophétie.
« Et vous, tour du troupeau, fille de Sion, environnée de nuages, la puissance souveraine viendra jusqu’à vous ; il viendra l’empire de la fille de Jérusalem. Pourquoi donc êtes-vous maintenant troublée par le chagrin ? N’avez-vous donc point de roi ni de conseiller, que vous êtes ainsi dans la douleur comme une femme en travail ? » Mic. 4, 8-9. Les Septante : a Et vous, tour du troupeau, fille de. Sion, environnée d’obscurité, la principauté souveraine viendra jusqu’à vous et entrera ; l’empire viendra de Babylone à la fille de Jérusalem. Pourquoi donc connaissez-vous maintenant les souffrances ? n’aviez-vous donc plus de roi ni de conseiller, que les douleurs se soient emparées de vous comme d’une femme en travail ? » Cette tour du troupeau, environnée de nuages ou noire, en hébreu Opheli, ne peut être pour nous autre que celle dont Isaïe a écrit : « J’ai élevé une tour au milieu d’elle », c’est-à-dire de ma vigne. Or, la vigne du Seigneur est la maison d’Israël. » Isa. 5, 2. Cette tour, tant qu’elle a son pressoir, c’est-à-dire l’autel, que la vigne a sa clôture, c’est-à-dire les secours des Anges et que le sanglier ou le diable n’y pénètre pas, n’est ni noire ni environnée de ténèbres ; elle porte, au contraire, le nom du Seigneur, qui est la vraie lumière, elle est la cité bâtie sur 1a. montagne et qui ne peut être cachée pour personne. Elle qui était autrefois la tour du troupeau et du peuple de Dieu, depuis