Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jacob et la vraie maison d’Israël, conformément à ce qui est écrit dans Isaïe : « Jacob est mon serviteur, que j’ai élu », Isa. 41, 8, et à Timothée : « Afin que vous sachiez quelle doit être votre conduite dans la maison de Dieu, qui est l’Église », 1 Ti. 3, 15, on verra sans peine que les princes de la maison de Jacob et les restes de la maison d’Israël, ou mieux, comme porte l’hébreu : « Les juges de la maison d’Israël », ne sont autres que les évêques, les prêtres et les diacres, qui, s’ils ne veillent sur leur cœur avec la dernière attention, ont l’équité en abomination et renversent tout ce qui est droit. Lorsqu’en effet ils jugent d’après les personnes, et que, dans l’arbitrage d’une affaire, ce n’est pas le mérite de la cause, mais la puissance de l’une des parties qui l’emporte, n’ont-ils pas l’équité en abomination et ne renversent-ils pas tout ce que veut le droit ? On peut aussi comprendre en ce sens que les princes de la maison de Jacob et les juges de la maison d’Israël ont en abomination et détestent la justice, parce qu’ils déclinent la sentence de Dieu, juge souverain, et dépravent par de mauvaises interprétations toute la suite des Écritures ; ce sont ces princes qui bâtissent Sion dans le sang et Jérusalem dans l’iniquité. Alors que l’Écriture donne cet ordre : « N’introduisez pas l’impie dans le tabernacle des justes », Pro. 24, 15, et que le Seigneur a en abomination l’homme de sang et de mensonge, Psa. 5, 7, ils ordonnent clercs les premiers venus de leurs conciliabules, et comme ils exposent leurs vies scandaleuses aux yeux des peuples, ils sont coupables de l’infidélité de ceux qui sont scandalisés. Mat. 18, 1 ss. De là vient qu’il vaudrait mieux pour un homme qu’on lui pendit au cou une de ces meules qu’un âne tourne et qu’on le jetât au fond de la mer, que non pas qu’il scandalisât un des plus petits de l’Église. Alors que le prophète Malachie appelle les prêtres des anges, Mal. 2, 1 ss et que leur bouche est l’oracle du Seigneur, ils ne jugent qu’après avoir reçu des présents ; ils savent qu’il est écrit : « Les présents aveuglent les yeux des sages, et sont comme un frein dans la bouche qui dirige ; » Deu. 16, 19 ; Sir. 20, 31 ; qu’il est dit aux Apôtres : « Ne vous mettez point en peine d’avoir de l’or ou de l’argent, ou d’autre monnaie dans votre bourse », Mat. 10, 9, et que l’argent même acquis par le travail sera arraché aux mains de l’homme saint, et ils vendent les paroles du Seigneur, ils font le commerce des colombes dans le temple. Les prophètes de Jérusalem devinaient pour de l’argent, ne sachant pas que prophétiser est un et deviner un autre. Divination n’est jamais pris en bonne part dans les Écritures : « Il n’y aura plus », est-il dit, « d’augure en Jacob, ni de devination en Israël. » Nom. 23, 23. Ils s’imaginaient être prophètes ; mais, parce qu’ils recevaient de l’argent, ils étaient, non pas des prophètes, mais des devins. L’apôtre Pierre qui disait : oc Je n’ai ni argent ni or », Act. 3, 6, et qui aurait pu vendre à Simon le magicien ce qu’il demandait,