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et sans prophète, afin que, ne m’ayant pas béni pour mes bienfaits, ils comprennent ma puissance par leurs maux.
Les Septante : « Puis » je les rendrai semblables « à un troupeau en repos dans sa bergerie », À cause de l’égarement qui les a éloignés de moi, ils seront semblables à un troupeau dans la tribulation ; mais après avoir été dans l’angoisse, après avoir accompli le temps de l’affliction, je les établirai dans le repos, dans leur bercail. Alors ils émigreront du milieu des hommes et s’élèveront au-dessus de la condition humaine, pour l’accomplissement de ce qui suit : « Ils s’arracheront du milieu des hommes. » Ce ne sera pas eux seuls qui s’arracheront et s’endormiront ; mais aussi tous ceux à qui s’adresse la parole divine, et qui, abandonnant les vices de l’homme, imitent la conversation céleste et sont l’objet de ces paroles : « Vous êtes tous des dieux et des enfants du Très-Haut », s’arracheront du milieu des hommes, et seront comme ravis vers le ciel.
Les Septante : « Montez par la brèche. » Ici commence une apostrophe de la parole prophétique à celui qui veut être sauvé ; il lui est ordonné de monter par la brèche, ce qui se concevra aisément, en l’expliquant par le passage de la Genèse où il est question des deux jumeaux nés de Thamar et du patriarche Juda : « Comme elle était sur le point d’accoucher, il parut qu’il y avait deux jumeaux dans son sein ; et lorsque ces deux enfants étaient près de venir au monde, l’un des deux passa sa main, à laquelle la sage-femme lia un ruban d’écarlate, en disant : Celui-ci viendra au monde le premier ; mais cet enfant ayant retiré sa main, l’autre sortit, et la sage-femme dit alors : Pourquoi avez-vous ainsi rompu le mur qui vou9 divisait ? et il fut nommé Pharès », c’est-à-dire, rupture ou division. « Son frère, qui avait le ruban d’écarlate à la main, vint ensuite, et on le nomma Zara », c’est-à-dire, semence ou Orient. Gen. 38, 27 seqq. Le peuple le plus ancien, en qui était le lever et la semence avant que naquit l’Église des Gentils, montre donc sa main dans ses œuvres, et il la retire ensuite, ce qui lui fait dire par Isaïe : « Vos mains sont pleines de sang. » Isa. 1, 15. Après qu’il a retiré sa main, qu’il a cessé de pratiquer les œuvres de justice, son frère, le peuple des Gentils, sort, et c’est pour lui qu’a été divisé le mur de séparation ; c’est afin qu’il pût entrer, que le Sauveur a détruit le mur intermédiaire qui servait de barrière entre les deux peuples, dont il a fait un seul troupeau, et qu’il a régénéré en lui les deux hommes en un seul homme nouveau, en faisant la paix entre eux. Aussi la sage-femme prophétique dit-elle à Pharès, le peuple le plus jeune : « Pourquoi le mur qui vous divisait a-t-il été rompu pour vous ? » Vous tous qui avez compris cet exemple de la Genèse et qui voulez votre salut, non point par l’ancien peuple qui a retiré sa main, mais par le peuple nouveau, en qui est la voie Jésus-Christ et la porte