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d’abord, elle est nécessairement suivie de la mort pour les hommes et les animaux, et le même glaive ou vent brûlant consume tous les travaux qu’ont faits les mains des hommes.

Disons donc que]a parole de Dieu, vivante et efficace, et plus acérée que tout glaive à deux tranchants, Heb. 4, 1 seqq. est appelée ou envoyée, afin que l’âme négligente, cette terre aride qui aime mieux habiter dans les délices qu’édifier la maison de Dieu, soit frappée de son tranchant et perde tout ce qu’elle croit avoir de fruits. Le glaive est tiré aussi sur les montagnes qui s’élèvent contre la science de Dieu, et sur le blé, sur le vin, et sur l’huile, dont les conciliabules des hérétiques nourrissent et abreuvent, comme d’aliments et de boissons agréables, les peuples trompés. On peut dire, en toute vérité que leur pain est un pain de deuil ; que leur vin est un venin de dragons, mortel et sans remède comme le venin des aspics ; que leur huile, ces promesses de la béatitude céleste dont ils oignent, – pour ainsi dire, leurs disciples, en leur assurant la récompense de leurs travaux, est celle que repoussait le roi-prophète en ces mots : « Que l’huile du pécheur n’engraisse point ma tête. » Psa. 140, 5. Le glaive de Dieu frappe également toutes leurs autres productions, les inventions qu’ils tirent d’eux-même, comme s’ils continuaient les Apôtres, en dehors de l’autorité et des témoignages des Écritures. Quant aux hommes et aux animaux qu’il abat, ce sont les pensées et les opinions des hérétiques, ou certainement ceux d’entre eux qui sont raisonnables en même temps que ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire les savants et les ignorants ; tous les travaux de leurs mains, leurs jeûnes, leurs pratiques diverses, leurs nuits passées sur le sol nu comme couche. Ceux d’entre eux qui font trois jeûnes de quarante jours par an, qui châtient leur âme par les xérophagies, et qui croissent surtout de la souche de Tatien, entendent cette condamnation de leurs travaux : « C’est sans cause que vous avez traversé de si grandes épreuves. » Tout ce qui a été dit peut s’entendre aussi des recteurs de l’Église qui, tout entiers à l’édification de leur maison charnelle et à la prospérité de leurs enfants et de leurs biens temporels, n’ont nul souci, soit de bâtir en eux-mêmes le temple de Dieu, soit de restaurer l’Église du Seigneur, ouverte aux intempéries et tombant en ruines ; trop souvent leur vie et leurs discours inconvenants scandalisent un grand nombre d’âmes, les jettent hors de l’Église, et amènent la solitude dans la maison de Dieu. Ce n’est pas ici une accusation générale contre tout le clergé ; mais dans toute fonction et dans tout grade, pendant que les uns bâtissent le temple de Dieu, d’autres le détruisent, et à cause de leur crime, ni les deux ne