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été frappés de ce malheur, parce qu’ils sont demeurés en sécurité dans leurs demeures primitives, qu’ils ne sont pas montés sur la montagne des Écritures, pour y couper les bois nécessaires à la construction du temple du Seigneur, et qu’au lieu de construire chaque jour en eux ce temple, ils ont méprisé à sa désolation et ont perdu même le peu qu’ils croyaient avoir. Voilà quelle est la cause du mal dont il a été parlé plus haut.

« C’est pourquoi, dit le Seigneur des armées ; parce que ma maison est délaissée et que chacun de vous se hâte d’aller à la sienne, voilà pourquoi j’ai défendu aux cieux de répandre leur rosée, et pourquoi la terre a empêché la plante de germer. ». Agg, 1, 10. Non seulement les cieux n’ont pas donné la pluie, qui, arrosant le sol, le rend fécond en fruits, mais ils ont refusé même la rosée du matin et de la nuit, qui aurait du moins tempéré de quelque humidité la brûlante sécheresse des champs. La terre à son tour a dévoré et retenu en son sein avare et le fruit que le laboureur attend de sa semence, et ce qu’elle produit d’habitude d’elle-même. Cette rosée, je pense, est celle dont il est dit à Jacob dans la bénédiction : » Que Dieu le donne de la rosée du ciel », Gen. 27, 28, cette rosée de l’Hermon qui descend sur la montagne de Sion, Psa. 132, 1 seqq. et qui descend, point des airs dans lesquels volent en grand nombre les aigles, les éperviers et les vautours, mais du ciel même, afin que, si une âme est brûlée par le feu des passions et blessée par les traits du diable, cette rosée la rafraîchisse et tempère les ardeurs qui la dévorent. Sans cette rosée, la terre elle-même ne produit aucun germe : nulle âme ne peut produire du froment sans la rosée de Jésus-Christ.

« J’ai appelé sécheresse sur la terre, sur les montagnes, sur le blé, sur le vin, sur l’huile, sur toutes les productions du sol, sur les hommes, sur les animaux, et sur toutes les œuvres des mains. » Agg, 1, 11. Au lieu de sécheresse, les Septante ont traduit par « glaive », mais le mot hébreu est écrit par les trois lettres Heth, Res, Beth et si nous lisons Hareb, il signifie glaive ; si nous lisons Oreb, il se traduit par aridité, ou plutôt par « vent brûlant. » Or, puisque le discours a trait à la terre et à la stérilité des champs, il me paraît préférable de traduire ici par « vent brûlant » que par « épée », bien que ce dernier terme puisse désigner en général toute plaie infligée aux hommes pour leurs péchés. La sécheresse ou l’épée a été appelée sur la terre et sur les montagnes, afin qu’elles ne portent ni blé, ni vin, ni huile, ni aucune des productions spontanées du sol. La famine venant