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sera construite, son couronnement sera que le Seigneur se glorifie en nous.


« Vous avez étendu votre cupidité, et j’ai diminué vos biens ; vous les avez apportés à votre demeure, et mon souffle les a dissipés. » Agg. 1. 9. Les Septante : « Vous avez convoité beaucoup de choses, et elles ont été réduites à un petit nombre ; vous les avez apportées à votre demeure, et mon souffle les a dissipées. » Afin que, coupant court à tout retard et à toute hésitation, vous bâtissiez avec plus de diligence ma maison, j’ajoute autre chose encore qui vous arriverait pour avoir différé de construire mon temple. Je ne vous dis plus : « Vous avez semé beaucoup », et parce que la terre n’a pas répondu à la semence, « vous avez recueilli peu ; » je vous dis : La moisson étant mûre et le temps de la cueillir vous pressant, lorsque vous pensiez tenir en mains le blé en abondance, vous n’avez moissonné que de légères et inutiles gerbes de paille aux épis vides de grain. Les aires étaient pleines : vous aviez l’espoir dans les yeux, et la déception dans les mains. Et puis, lorsqu’à grand peine vous avez eu tiré quelques grains d’une grande moisson et des nombreux monceaux que vous avez vannés, vous avez porté ce peu de grain dans votre demeure, et ma puissance l’a dissipé. Je l’ai touché de mon souffle et je l’ai réduit à néant : ce blé mort, aux pellicules vides, a produit du son impropre à vous nourrir, et n’a pas rendu de farine. Ce trait du texte : « Vous l’avez apporté dans la maison, et mon souffle l’a dissipé », pourrait s’entendre aussi des dons qu’ils offraient sur l’autel, et que le souffle de Dieu aurait rendus inutiles. Mais à cause des mots : « Vous avez apporté dans la maison », si parce qui est apporté, nous entendons les offrandes, évidemment, c’est dire qu’elles ont été faites dans le temple, et il y aura là une inconséquence, puisqu’en ce temps-là la maison de Dieu n’était pas encore bâtie.

Cette prophétie, de nos jours encore, continue à s’accomplir contre ceux qui habitent dans des demeures bâties dans l’abjection, qui insultent, autant qu’il est en eux, à la désolation de la maison de Dieu, et qui dédaignent de la relever, pouvant le faire. Comme s’ils voyaient leurs moissons déjà mûres, ils se promettent les fruits de leurs œuvres, et déçus dans cette espérance, au lieu de beaucoup qu’ils attendaient, ils ne trouvent que bien peu ; et ce peu, qu’ils avaient enfermé dans la demeure et le grenier de leur esprit, le souffle de la parole de Dieu le dissipe, comme indigne de sa garde et de sa protection. Que de fois j’ai vu des hommes sur qui les plus grandes espérances étaient fondées tant pour la doctrine que pour les actions ; et quand arrivait pour eux le temps de la moisson, c’est-à-dire le temps d’enseigner et de donner aux peuples l’exemple de leur vie, ils ôtaient précipités de haut, et l’on trouvait moins en eux que l’opinion de tous s’en était promis ; et alors il est arrivé, la négligence se glissant, que ces hommes ont ensuite perdu même le peu qu’ils paraissaient avoir. Ils ont