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Celui qui boit peu, boit sans doute, mais non pas jusqu’à se désaltérer. Mais celui qui peut dire au Seigneur : « Qu’il est beau votre calice enivrant ! » Psa. 22, 4, qui s’enivre avec Noé, Gen. 9, 1 seqq. et, quoique retenu en Égypte, qui boit à pleines coupes le vin du festin de Joseph, avec les patriarches et avec ses frères, Gen. 43, 1 seqq. – celui-là, à cause de la grandeur de son allégresse et de sa joie de chaque jour, se plongera dans l’extase avec les Apôtres, et on dira de lui qu’il est plein de vin nouveau. Act. 2, 1 seqq. Comment à cette exposition n’est pas contraire le fait des enfants de Jonadab, fils de Réchab, loués par le Seigneur parce qu’ils ne burent pas de vin, c’est ce qui sera établi plus à propos dans Jérémie. Jer. 35, 1 ss.

Il est dit ensuite à ceux qui négligeaient de bâtir le temple du Seigneur : « Vous vous êtes couverts, et vous n’avez pas été réchauffés. » C’est ce que nous comprendrons d’après le psaume cent trois, où il est dit de Dieu : « L’abîme l’environne comme un vêtement. » Le texte hébreu rapporte sans doute cette parole aux terres, qui ont pour ceinture l’Océan ; mais la version des Septante, qui a mis : « Environne lui », au masculin, et non elle au féminin, nous contraint de l’appliquer à Dieu, en ce sens que sa sagesse est insondable ; que le Seigneur a choisi sa retraite dans les ténèbres, Psa. 17, et que ses mystères ne sont pas découverts à ceux qui en sont indignes. De là ce cri de joie du juste : « J’ai caché vos ordonnances dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre vous. » Psa. 118, 11. Ce manteau, tissu des sens et des paroles multiples de la sagesse, ne permet pas que ceux dont l’esprit est fervent se refroidissent, et que le souffle de Borée diminue la chaleur de l’amour. Pour celui qui est dans un état intermédiaire, et qui a un manteau sans doute, mais n’en est pas entièrement recouvert, de même qu’ayant amassé peu dans son grenier, il a mangé et n’a pas été rassasié, et qu’il a bu sans être désaltéré, de même il sera revêtu du manteau de sa science des Écritures et de ses œuvres, mais il ne sera pas réchauffé. Enfin, celui qui n’a pas de manteau à cause de la trop grande pauvreté de son âme, n’en a point, parce que, l’iniquité s’étant multipliée, la charité s’est refroidie en lui. Mat. 24, 1 seqq. Aussi au sujet de cet homme, dont un autre possède le manteau, il y a ce précepte dans la loi : « Vous lui rendrez son vêtement avant le coucher du soleil, parce qu’il est pauvre, et qu’il n’a d’espérance qu’en lui », Deu. 24, 15. Il arrive en outre, à ceux qui habitaient dans le fond des vallées ou dans des maisons ornées de lambris, et qui disaient : « Le temps n’est pas encore venu de bâtir la maison du Seigneur », qu’ils amassent des richesses dans un sac percé. Celui d’entre nous qui fait de bonnes œuvres, dignes de la récompense que doit nous accorder le Seigneur, dont il est dit :