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en effet : « Il y aura là le tumulte d’une grande multitude d’hommes assemblés. » Ce tumulte marque le bruit des voix et des chants simultanés d’une foule innombrable, afin que nous ne pensions pas qu’il s’agit delà voix d’un seul, mais de celles de tous, louant à l’unisson le bon Pasteur qui, ayant aplani et égalisé avec son pied toutes les aspérités, sera à la fois le guide menant les hommes au paradis et la porte du paradis, et dira : :« Je suis la porte ; » il montrera le chemin au troupeau des fidèles en le précédant, et, au terme dota route, il sera la porte par où ce troupeau passera. Ce Pasteur est notre Roi et notre Seigneur, comme le dit la suite : « Leur roi passera en les précédant, et le Seigneur sera à leur tête. » Nous pouvons, si nous le voulons, entendre tout cela de son premier avènement, et voir dans Jacob tout entier et dans les restes d’Israël, les Apôtres et cette multitude qui, comme le rapportent les Actes des Apôtres, fut sauvée d’entre les Juifs ; cette explication n’a rien qui répugne à la vérité, puisque le Seigneur réunit, en effet, ces Juifs dans sa bergerie et les établit dans son parc ; que, marchant à leur tête, il les a fait entrer dans l’Église ; qu’il fut leur roi en leur présence, et qu’il est à jamais le Seigneur qui est à leur tête. Les Septante : « L’Esprit a arrêté le mensonge, il a laissé descendre sur vous une goutte de son vin enivrant, et c’est au moyen de ceux de ce peuple que cette goutte touchera, que Jacob tout entier sera rassemblé. » Il faut lire, non pas comme le croient d’aucuns : « L’esprit de mensonge s’est arrêté », mais « l’Esprit a arrêté le mensonge », en grec : Pneuma estèsé pseudés, c’est-à-dire, to pseudos. Comme, dans les cas de plaies putrides, pour que le cancer n’étende pas la zone des chairs mortes en se nourrissant sourdement des chairs vives, les médecins circonscrivent la blessure et en cautérisent le pourtour, ainsi l’Esprit de Dieu a mis fin au mensonge, afin que les paroles des faux prophètes ne portent plus la subversion parmi le peuple de Dieu. Le mot « esprit », tant dans le Nouveau que dans l’Ancien Testament, partout où il est mis sans aucun qualificatif, doit s’entendre en bonne part, je l’ai dit souvent, et les quelques exemples qui suivent achèveront de lever tous les doutes : « Les fruits de l’Esprit sont l’amour, la joie, la paix ;» Gal. 5, 22 ;… « Si nous vivons par l’Esprit, conduisons-nous aussi par l’Esprit ; » Id. 25 ;… « Si vous mortifiez par l’Esprit les œuvres de la chair, vous vivrez ; » Rom. 8, 13 ; et dans l’Ancien Testament : « Qui donne le souffle de la vie au peuple qui la remplit, et l’Esprit à ceux qui la foulent aux pieds, Isa. 42, 5, c’est-à-dire, d’après ce qui précède dans la prophétie, à ceux qui foulent aux pieds la terre ; or, il est de toute évidence que ceux qui foulent aux pieds les œuvres terrestres, méritent de recevoir, non pas le mauvais, mais le bon Esprit. Au contraire, l’Esprit du mal est toujours