ô Paule et Eustochium, afin que dès le titre même vous reconnaissiez à quelle époque a prophétisé Aggée. Il faut reconnaître aussi, au pied de la lettre, qu’Aggée et Zacharie durent être animés d’un grand zèle prophétique, pour oser ordonner de construire le temple, malgré l’édit du roi Artaxerxès, les Samaritains et tous les peuples d’alentour, qui s’opposaient à cette reconstruction ; et que Zorobabel et Josué, fils de Josédec, et le peuple qui était avec eux devaient avoir une foi non moins grande pour écouter plutôt l’ordre des prophètes que l’édit prohibitif du roi des Perses.
« La deuxième année du règne de Darius, le sixième mois et le premier jour, le Seigneur déposa sa parole aux mains du prophète Aggée. » Agg. 1, 1. Parce que le peuple, qui se flattait d’être revenu de la captivité, n’avait ni relevé le temple, ni reconstruit les murs de la ville, et bien loin d’avoir la gloire de la Jérusalem d’autrefois, habitait dans des maisons creusées dans le roc, basses et perdues dans le bas-fond, la parole de Dieu ne lui est pas adressée sous les rois Ezéchias, ou Amon, ou Josias, qui avaient commandé au peuple de Dieu tant que Jérusalem était debout, mais sous Darius, roi des Perses, dont Daniel nous entretient aussi dans son livre en son langage mystique. Darius, en notre langue, a le sens de « générations faites » ou « qui furent ; » et le peuple n’ayant pas de temple et habitant en bas, n’était pas digne d’avoir un autre roi que celui qui servait les générations, qui aimait la chair, et qui en était au premier précepte fait à l’homme encore ignorant et chassé du paradis : « Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre. » Gen. 1, 28 et 9, 1. Ainsi, c’est parce que Darius aimait l’œuvre de la chair et qu’il était le compagnon du dragon, dont toute la vertu réside dans les reins, Job. 40, 1 seqq. que le peuple voit cette vision la seconde année, nombre impur, qui symbolise les tuniques de peaux après l’union de la virginité et la nudité du paradis. Aussi dans la Genèse, alors