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temps où les captifs auront été ramenés à Jérusalem, lorsque le temple sera rebâti et que leurs cérémonies abandonnées seront observées de nouveau. Voilà l’illusion dont elle se berce, et voilà pourquoi elle ne fait point pénitence : pendant qu’elle espère l’incertain, elle perd le salut certain. Je ne m’étonne pas de ce langage de la synagogue, qui, parce qu’elle n’admet pas Jésus-Christ, elle a les yeux malades et faibles comme Lia, et n’est pas aimée de Jacob, et est laissée dans l’abandon dès que Rachel lui succède ; Gen. 29, 1 seqq. je m’étonne que des chrétiens, ou plutôt des semi-juifs, qui se flattent de faire partie de l’Église, disent et proclament ces choses, alors que, si elles étaient vraies, c’est en vain que nous croirions en Jésus-Christ, tout notre sacrement étant détruit, et que nous serions les plus à plaindre de tous les hommes, à cause de notre croyance en la venue du Messie, qui ne serait pas venu. Mais notre espérance est certaine, et ce sont les vœux des Juifs qui sont vains. Expliquons donc ce verset, le dernier de Sophonie, d’après le sens que nous avons suivi jusqu’à présent.

Recourons à ce témoignage de Jésus, fils de Sirach : « Si un homme jette une pierre en haut, elle retombera sur sa tête. » Sir. 27, 28. Sion et Jérusalem étant placées en haut, quiconque se fait le détracteur de Sion et de Jérusalem, et lance contre elles les pierres des outrages, lance ces pierres contre sa propre tête ; c’est sur sa tête que retombera l’opprobre, c’est sur sa tête que descendront la douleur qu’il a voulu causer et son injustice. » Psa. 7, 17. Que d’hommes aujourd’hui déversent l’injure sur l’âme qui recherche les mystères de Dieu et qui veut voir la paix de Dieu, et disent : C’est un insensé, un homme ivre et plein de vin nouveau ; il fuit l’assemblée des hommes, il méprise les plaisirs, l’or est à ses yeux aussi vil que la fange, il n’aime que la pauvreté seule. Les incrédules vont même jusqu’à lui faire un opprobre de la croix de Jésus-Christ, et s’il arrive qu’ils le voient dans les angoisses et les épreuves : Où sont, lui crient-ils, les œuvres de miséricorde et de justice que vous avez faites ? Que parlé-je d’incrédules, lorsque des princes mêmes des Églises ne ménagent pas leurs railleries à des âmes de cette sorte, et taxent de folie leur conduite, et ne louent pas leur vie présente, mais leur reprochent amèrement leurs péchés passés ? Ils ferment l’oreille à ce précepte : « Ne faites point de reproche à un homme qui se retire du péché. » Sir. 8, 6. Malheur donc à celui qui a déversé l’opprobre et qui a pris à tâche, comme un vil esclave, l’office de détracteur de Sion et de la cité de Dieu, parce que le Seigneur sera le vengeur de cette injure faite à sa ville, et qu’il dira à Sion ; « Voilà que j’agirai en vous à cause de vous », c’est-à-dire, je serai l’artisan de votre vengeance, « et je sauverai celle qui était affligée », ou, comme porte le grec, « pressurée », avec ce