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pillent tout à la manière des loups, ne laissant pas le plus maigre aliment aux indigents. Les prophètes aussi, c’est-à-dire les maîtres qui se flattent d’enseigner les peuples et de raisonner d’après les Écritures « portant l’esprit » ou étant « spirituels » – ce qui doit s’entendre ironiquement, – sont des hommes pleins de mépris : c’est qu’il importe, dans l’Église, non pas seulement d’enseigner, mais de faire, et de ne pas détruire les paroles par les actions. Au reste, celui qui instruit autrui, et qui ne pratique point ce qu’il enseigne, est moins un docteur qu’un contempteur, et c'est de lui qu’il est écrit dans Habacuc : « Prévaricateurs, regardez, soyez attentifs ; admirez et pâlissez d’effroi. » Hab. 1, 5. Les prêtres enfin qui servent l’Eucharistie et distribuent le sang du Seigneur aux peuples de l’Église, agissent en impies contre la loi de Jésus-Christ, pensant que, les paroles de la consécration faisant l’Eucharistie et la prière solennelle étant seule rigoureusement nécessaire, la vie et les mérites des prêtres importent peu, quand il est dit à leur sujet : « Le prêtre en qui sera une tache ne s’approchera pas pour offrir des oblations au Seigneur », Lev. 21, 1 seqq. d’après les Septante. Bien que les princes, les juges, les prophètes et les prêtres de Jérusalem agissent ainsi, néanmoins le Seigneur est clément et juste. Clément, en ce qu’il ne se retire pas de son Église ; juste, en ce qu’il rend à chacun ce qu’il mérite. Lorsque viendra le matin, et que la nuit de ce siècle sera passée, il produira son jugement en pleine lumière, et ils ne seront cachés, ni lui, ni son jugement. Lorsqu’il exigera de chacun l’argent qu’il lui avait confié, il ne sera pas injuste, il ne permettra pas que l’injustice prévaille toujours : il fera tomber de leurs sièges les princes superbes, auxquels Dieu résiste, et leurs angles seront détruits, c’est-à-dire leurs volontés perverses, qui s’écartent du droit chemin, et dans lesquels avaient accoutumé de prier toujours les Pharisiens, au mépris de la pierre angulaire. Je pense qu’il est utile aux orgueilleux eux-mêmes d’être arrachés du haut de leur arrogance, et dé voir leurs impasses et leurs angles détruits, afin qu’ils marchent ensuite dans le droit chemin.

Le texte continue ainsi : « Je rendrai leurs voies désertes, personne n’y passera plus désormais », selon ce qui est écrit dans le psaume un : « Le chemin des impies périra ; » Psa. 1, 6 ; et aussi dans Osée, où il est dit de Jérusalem adultère : « Je fermerai ses voies avec des épines, je mettrai des barrières à ses chemins, et elle ne trouvera point sa voie ; elle poursuivra ses amants et elle ne les atteindra point, elle les cherchera et elle ne les trouvera point, et elle dira : J’irai, je retournerai auprès de mon premier époux, parce que j’étais plus heureuse alors qu’aujourd’hui. » Ose. 2, 6-7. Remarquez que si les voies n’avaient pas été fermées et les chemins barricadés, et si le Seigneur n’avait pas détruit ses sentiers, l’âme tombée dans la fornication n’aurait jamais pu dire : » J’irai, je retournerai vers mon premier époux. Par conséquent, les chemins des