seul vivant. Il jure que ces peuples blasphémateurs, Moab et les enfants d’Ammon, dont le texte a dit : « Ils seront comme Sodome et Gomorrhe », bien qu’ils se flattent d’être sortis de Sodome et de Gomorrhe, en ce qu’ils ne sont pas idolâtres, néanmoins, parce, qu’ils blasphèment contre le peuple de Dieu, et qu’ils prennent parti contre Israël, ils seront réputés semblables à Sodome et à Gomorrhe, et seront détruits comme ces villes le furent autrefois, sans qu’il reste en eux le moindre vestige de vigueur et de vie. Qu’on ne s’étonne pas de cette interprétation, que les hérétiques seront considérés comme Sodome et Gomorrhe. Quant aux membres de l’Église qui n’ont point observé les commandements de Dieu et qui se sont écartés de ses préceptes, il est dit par la bouche d’Isaïe : « Écoutez la parole du Seigneur, princes de Sodome, et soyez attentifs à la loi du Seigneur, peuple de Gomorrhe ;» Isa. 1, 10 ; et par la bouche de Daniel, aux vieillards qui brident du désir de corrompre la chasteté de l’Église, figurée par Suzanne : « Ceci est le jugement de Dieu, race de Chanaan et non de Juda. » Dan. 13, 55, 56. Pour ne pas douter que, partout où les prophéties nomment Sodome et Gomorrhe et l’Égypte, il s’agit, non des contrées de ce nom que voient nos yeux, mais de contrées spirituelles que la parole divine menace, il suffit de lire ces mots de l’Apocalypse de Jean : « Le lieu où le Seigneur a été crucifié est appelé spirituellement Sodome et Égypte. » Apo. 11, 8. Puisque Jérusalem, où a été crucifié le Seigneur, est appelée spirituellement Sodome et Égypte, pourquoi, par opposition, l’Égypte et Sodome et Gomorrhe, si elles font les œuvres de Jérusalem et de la terre de Juda, ne seraient – elles pas changées en terre de l’héritage du Seigneur ? Ainsi David n’était pas du nombre des prêtres, et il ne lui était pas permis de manger des pains de proposition ; 1Sa. 21, 1 seqq. mais, parce qu’il croissait en mérite dans chaque œuvre et que la persécution de Saül faisait l’avancement de ses vertus, dans sa fuite, et à son insu, il devient prêtre tout-à-coup, il reçoit les pains de proposition, sans violer le commandement de Dieu. J’ai dit tout cela pour montrer que Moab sera comme Sodome, et que les enfants d’Ammon seront comme Gomorrhe. Damas aussi, dont le nom veut dire « qui boit le sang » ou « sang du sac », sera abandonnée par la miséricorde de Dieu comme un monceau de sel. Parce qu’elle a pour prince le roi Arétha, que les Damascènes ont le désir de mettre à mort Paul, et qu’il est descendu le long de la muraille dans une corbeille, Act. 9, 1 seqq. Damas est appelée, non pas sel du monde, Mat. 5, 13, et sel qui est toujours offert dans les victimes, mais sel qui a perdu sa force, et dont il est dit dans l’Évangile : « Si le sel perd sa force, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien, ni pour la terre, ni comme fumier, à rien qu’à être jeté dehors pour être foulé aux
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