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je tressaillirai de joie en Dieu mon Sauveur. Le Seigneur Dieu est ma force, et il rendra mes pieds comme ceux des cerfs ; et, après avoir vaincu mes ennemis, il me ramènera sur mes montagnes, au son des cantiques que je chanterai. » [1]. Les Septante : « Pour moi, je tressaillirai de joie dans le Seigneur ; je me réjouirai à cause de Dieu, mon salut. Le Seigneur Dieu est ma force, et il affermira mes pieds jusqu’à la consommation ; il m’établira au-dessus des hauts lieux, afin que je sois vainqueur dans son Cantique. » Le figuier et la vigne et l’olivier, dans le sens qui a été marqué, ne donnant pas leur fruit, et les champs des Juifs ne portant pas des aliments, les troupeaux ayant été en outre retranchés de leur bergerie et les bestiaux de leurs étables, après que le Seigneur leur eut dit : « Votre maison vous sera laissée déserte », [2], le peuple enfin ayant été livré à la captivité et dispersé dans tout l’univers, le prophète, sorti de ce même peuple des Juifs, et dont le nom veut dire « embrassement », parce qu’il aime le Seigneur, et qu’il s’attache et s’unit intimement à lui, s’écrie au nom des apôtres et du peuple qui croit en Jésus-Christ : « Pour moi, je me réjouirai dans le Seigneur, et je tressaillirai de joie dans Jésus mon Dieu ; » ce que les Septante ont traduit par : « Dans mon Sauveur », d’après l’interprétation de l’ange Gabriel : « Et il sera appelé Jésus, car c’est lui-même qui sauvera son peuple. » [3], Dieu mon Seigneur est ma force ; je n’aurai d’autre vertu que celle qui est en Jésus-Christ, et je regarderai comme des ordures toutes lies justices de la loi. « Il rendra mes pieds comme ceux des cerfs », afin que je foule aux pieds l’aspic et le basilic, et que comme un petit enfant, mettant la main dans le trou, j’en retire le serpent et je me joue de lui : « car mon bien-aimé est semblable à un chevreuil et à un faon de biche. » [4]. Comme il est cerf lui-même, il m’a accordé d’être cerf à mon tour, aux cornes hautes, au pied bifide, ruminant les aliments et mettant à mon odeur les serpents en fuite. Aussi est-il écrit dans le psaume dix-sept ; « Il a parfait mes pieds comme ceux des cerfs, et il m’établira sur les montagnes ; » et dans le psaume vingt-huit : « C’est la voix du Seigneur qui parfait les cerfs. » Il affermira donc mes pieds parmi ses autres cerfs, et il me conduira jusqu’aux célestes demeures, afin que, parmi les anges, je chante la gloire du Seigneur, et que j’annonce la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Je chanterai sa victoire, et le triomphe et les trophées de la croix. Tout cela, d’après le texte hébreu et la Cinquième Édition, appliquons-le au temps de la ruine des Juifs et à l’avènement du Seigneur.

Si l’on veut entendre ce texte de la fin du monde, il faut le développer ainsi ; De même que dans l’Exode, lorsque l’Égypte fut frappée, [5]

  1. Hab. 3, 18-19
  2. Mat. 23, 38
  3. Mat. 2, 21
  4. Can. 2, 9
  5. Exo. 9, 1