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nous pouvons dire : O olivier, « dans votre lumière nous verrons la lumière », [1], c’est-à-dire dans le Fils nous verrons le Saint-Esprit. C’est vers ces arbres féconds et cette vigne la plus fertile que viennent, dans le livre des Juges, les arbres stériles, [2] qui les prient de régner sur eux. Mais jamais sur les arbres des forêts réservés au feu, ne règne l’olivier et la vigne et le figuier ; c’est plutôt le prunellier plein d’épines, semblable à l’hérétique, qui habite dans Babylone et vit sans cesse dans les fosses. Cet arbuste n’a pas seulement des épines, mais aussi du feu, sa blessure brûlant tout ce qu’elle atteint. C’est pourquoi le feu est sorti, et il a dévoré les arbres des forêts. D’ailleurs, pour qu’on voie bien, selon le sens où nous avons plus haut appliqué à la synagogue les mots : « Le figuier ne portera pas de fruit, et il n’y aura plus de bourgeons dans les vignes », qu’il s’agit non pas des fruits, mais des bonnes œuvres, l’énigme est entièrement dévoilée à propos de l’olivier, quand il est dit : « L’œuvre de l’olivier sera mensongère. » Les fruits que devaient porter les Juifs sont manifestés dans leurs œuvres ; or, l’œuvre de l’olivier sera le mensonge, puisqu’il promet une chose et qu’il en fait une autre ; qu’ils disent à Moïse : « Tout ce que le Seigneur dira, nous le ferons », [3], et qu’ils ne veulent pas croire en celui qui a été prédit par Moïse. Les campagnes aussi ne porteront pas de fruit. Il est à remarquer que Jérusalem, qui était autrefois située sur les montagnes et environnée de montagnes, [4] et « dont les fondements étaient dans les montagnes saintes », [5], est appelée maintenant une humble et plate campagne, qui non-seulement ne nourrit pas les hommes, c’est-à-dire les animaux raisonnables, mais même les troupeaux et les bœufs, dont Salomon parle aussi dans les Proverbes : « Donnez votre soin aux contrées de la plaine, et faites tondre les prés et recueillir le foin, afin d’avoir des brebis pour vous nourrir. » [6]. Il n’y aura plus de bœufs dans les étables, parce que la force du bœuf parait clairement où les granges sont pleines. [7]. Le bœuf est bon à l’œuvre ; le bœuf porte le joug du Seigneur ; celui qui sème sur les traces du bœuf est heureux. Tous ces biens seront ôtés au peuple, parce qu’il s’est conduit injustement envers Dieu, son Créateur. Que si l’on veut, par jour delà tribulation, entendre le jour de la consommation, on appliquera tout ce texte à ceux qui se disent de l’Église, et qui n’ont pas les œuvres de justice. Le figuier et la vigne et l’olivier, c’est-à-dire le mystère de la Trinité, ne portera pas en eux son fruit, et non-seulement ils n’ont pas dans leurs champs les blés qui donnent la nourriture des animaux raisonnables, mais même les pâturages des brebis et des bestiaux ; leurs granges sont vides, et, au lieu de vivre sur les montagnes élevées, ils habitent dans les lieux plats et bas.


« Mais pour moi, je me réjouirai dans le Seigneur,

  1. Psa. 35, 10
  2. Jdt. 9, 1
  3. Exo. 24, 7
  4. Psa. 124, 1
  5. Psa. 86, 1
  6. Pro. 27, 25-26
  7. Pro. 14, 4