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sous l’allégorie des membres du corps, donne des membres à l’âme : dans les entrailles que remue la frayeur, il faut voir cette faculté de l’âme qui reçoit les aliments spirituels ; les lèvres de l’âme sont celles avec lesquelles elle se parle à elle-même ; ses os sont les dogmes forts et solides qui affermissent toute sa charpente. J’ai donné ces explications en peu de mots : Si quelqu’un en trouvait de plus habiles et de plus vraies, on devrait dé préférence se ranger à son opinion.

Les Septante : « Je me reposerai au jour de mon affliction, afin de monter vers le peuple de mon voyage. » Parce que j’ai exercé une garde assidue sur mon cœur, que mes entrailles ont frémi de crainte à la voix de la prière de mes lèvres, que le frisson a pénétré jusque dans mes os, que ma force ou mon assurance a été troublée au-dessous de moi, et que, grâce à ma vigilance la plus rigoureuse, je suis devenu étranger aux péchés, je m’écrie maintenant avec confiance : Je me reposerai au jour de l’affliction, pour monter vers Je peuple de mon pèlerinage, c’est-à-dire, qui a comme moi été voyageur en ce monde. Je monterai étant exilé en bas, et comme faisant effort pour m’élever du fond d’une vallée vers les plus, hauts sommets, j’appliquerai tous mes désirs à n’avoir que le souci de mon ascension, pendant que les antres sont dans la tribulation et l’angoisse, et à trouver les moyens pour me reposer sur les lieux les plus élevés, avec le peuple de mon pèlerinage. Quant au jour de la tribulation, c’est, je pense, la fin du monde, selon la parole d’Isaïe : « Le jour sans lendemain de la fureur et de la colère du Seigneur, où il réduira toute la terre en un vaste désert, et où il perdra les pécheurs. » [1].

« Car le figuier ne fleurira plus, et les vignes ne pousseront plus ; l’olivier trompera l’attente de ses fruits, et les campagnes ne porteront pins de grain pour la nourriture ; les brebis seront enlevées des bergeries, et il n’y aura plus de bœufs dans les étables. » [2]. Les Septante : « Parce que le figuier ne portera plus de fruits, et il n’y aura plus de bourgeons dans les vignes ; l’olivier trompera ceux qui attendaient ses fruits, et les champs ne feront plus de grain pour la nourriture ; les brebis ont manqué, parce qu’on les a mangées, et il n’y a plus de bœufs dans les étables. » Selon le texte hébreu, où nous avons lu plus haut : « Que la pourriture pénètre dans mes os et que les vers se multiplient au-dessous de moi, afin que je me repose au jour de la tribulation, et que je monte vers notre peuple prêt au combat », ce qui précède doit être ainsi relié à ce qui suit : J’ai voulu supporter l’affliction dans le temps présent, et ensuite m’élever jusqu’au peuple fort, parce que viendra le jour de la tribulation et de la nécessité, et que les autres étant plongés dans l’angoisse, je me réjouirai dans votre majesté : « Car le figuier ne fleurira plus, et il m’y aura aucun bourgeon dans les vignes ; l’olivier

  1. Isa. 14, 6-7
  2. Hab. 3, 17