Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’impie », il faut entendre, je l’ai dit, que cette tête est le prince de ce monde, et que sa maison est le monde même et toute âme de pécheur dont le diable est devenu l’hôte. Or, la tête de la maison de l’impie est frappée, afin que le diable en ayant ainsi été rejeté par ce coup, cette maison devienne la demeure de Dieu, et 5 que la justice y habite et y marche. C’est une croyance digne de Dieu qu’il a daigné sortir pour le salut de son peuple avec son Christ, afin que, la tête de l’impiété étant frappée, Jésus, qui est la tête de tout homme et celle de l’Église, devînt notre tête. Par conséquent, quiconque a conscience d’être encore la maison de l’impie, doit implorer la venue du Fils de Dieu, afin que la tête de l’impiété soit écrasée en lui.

Les Septante : « Vous avez suscité les chaînes jusqu’au cou à jamais. » Le Seigneur a suscité les chaînes de la charité, afin qu’ayant déposé l’ancien fardeau et rejeté le joug pesant qui nous écrasait, nous acceptions le joug léger de Jésus-Christ, et qu’attelés à son char, nous portions le meilleur des conducteurs. Théodotion, prenant le texte en bonne part, le rend ainsi : « Vous avez orné le fondement jusqu’au cou ; » et la cinquième Édition : « Vous avez mis à nu », ou bien, « vous avez dégagé le fondement jusqu’au cou, Sela », c’est-à-dire « pour toujours. » Parce que le fondement de Jésus-Christ, qui ôtait dans l’âme de chacun, avait été couvert de terre par les étrangers, cette terre entassée est retirée, et le meilleur des fondements est mis à nu et orné ensuite, afin que ce qui était caché apparaisse et reçoive la clarté qui lui appartient, et cela à jamais, ou, en hébreu, Sela. Notons en passant que les Septante eux-mêmes, poussés par la nécessité des choses, après avoir constamment interprété Sela par diapsalma, « pause du psaume », l’ont maintenant traduit par « jusqu’à la fin. »


« Vous avez maudit son sceptre et le chef de ses guerriers, qui venaient comme une tempête pour me mettre en poudre. Leur joie était semblable à celle d’un homme qui dévore le pauvre en secret. Vous avez fait un chemin à vos chevaux au travers de la mer, au travers de la fange des grandes eaux. J’ai entendu, et mes entrailles ont été émues ; mes lèvres ont tremblé au son de votre voix. Que la pourriture entre jusqu’au fond de mes eaux, et que les vers fourmillent au-dessous de moi, afin que je sois en repos au jour de mon affliction, et que je me joigne à notre peuple pour marcher avec lui. » [1]. Maintenant encore, j’analyse le texte hébreu seul, pour commenter séparément la version des Septante, parce qu’elle diffère grandement de toutes les autres traductions. « Vous avez maudit son sceptre », c’est-à-dire ses royaumes, qui sont évidemment les impies, dont il a été dit naguère : « Vous avez frappé la tête de la maison de l’impie ; vous avez dépouillé son fondement jusqu’au cou. » L’impie, c’est, ou Nabuchodonosor, ou tout adversaire du peuple de Dieu. Et non-seulement

  1. Hab. 3, 14-16