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c’est-à-dire, toute leur violence ; la persécution dont elles accablaient votre peuple est passée dès qu’elles vous ont vu. Alors l’abîme, c’est-à-dire l’enfer, vous a loué ; alors aussi les Anges ont élevé les mains en applaudissant, comme pour indiquer, par le geste, l’élévation du vainqueur sur son char de triomphe. Votre soleil et votre lune et toute la splendeur dont vous aviez autrefois brillé pour votre peuple, après avoir été ensuite interceptés par les affreuses et lourdes ténèbres des péchés, ont recouvré leur lumière pour lui et leur éclat primitif. La lueur de vos flèches et l’éclat fulgurant de votre lance, c’est-à-dire les plaies dont vous l’avez frappé par votre correction, ont rendu votre peuple à la lumière. Enfin, à la lueur de ces mêmes flèches et à l’éclat de votre lance, qui l’a corrigé, afin de le rendre meilleur, votre peuple a marché dans la crainte de votre colère. Quand donc vous vengerez l’injure de votre peuple, vous foulerez aux pieds les royaumes terrestres et vous frapperez d’étonnement toutes les nations, parce que vous êtes sorti pour le salut de votre peuple, et vous êtes venu vers eux avec votre Christ. – L’hébreu porte : « Vous êtes sorti pour le salut de votre peuple, avec Jésus votre Christ », ou « avec le Sauveur votre Christ », puisque Jésus veut dire Sauveur. – Enfin, par la venue de votre Fils Jésus-Christ, vous avez frappé l’Antechrist dans la maison de l’impie, c’est-à-dire dans ce monde, qui est assujetti à l’esprit malin ; ou bien, vous avec frappé le diable, qui est la tête de l’impiété, et vous avez mis à nu son fondement jusqu’au fond, c’est-à-dire vous avez mis au grand jour tous ses forfaits cachés, et vous avez fait cela, non pour quelque temps, mais à jamais ; car tel est le sens de sela, « toujours. »

Les Septante : « Les peuples vous verront, et ils seront frappés de douleur », ou bien, « ils enfanteront ; » car ὠδινήσουσι veut dire l’une et l’autre chose. Par conséquent, la terre étant ouverte et les fleuves s’en échappant, les peuples qui avaient bu de l’eau des fleuves de Dieu verront Dieu et enfanteront. Par cela même, en effet, qu’ils voient Dieu, aussitôt ils conçoivent par l’opération de la parole de Dieu, et ils s’écrient : « Par votre crainte, Seigneur, nous avons conçu, nous avons été comme en travail et nous avons enfanté : nous avons produit sur la terre l’esprit de votre salut. » [1]. « Bienheureux », est-il écrit, « ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. » [2]. Par conséquent, les peuples eux – mêmes qui ont été purifiés par les fleuves, n’ont pas vu Dieu dès cet instant, mais ils le verront, et, quand ils l’auront vu, ils concevront, afin de pouvoir enfanter les fruits des bonnes doctrines. Toutefois, comme on nomme les peuples, et qu’il n’appartient pas aux peuples de voir la face de Dieu, bien que l’événement soit différé dans l’avenir : « Ils verront et ils enfanteront », il vaut mieux, pour le sens figuré, suivre le texte hébreu, qui porte : « Les

  1. Isa. 26, 17-18
  2. Mat. 5, 8