appelle son épouse aux attelages de Pharaon ; mais toute âme, bien qu’elle soit sainte et parfaite, est semblable, en comparaison de Dieu, au char et aux chevaux de Pharaon. De là ce que Moïse dit au Seigneur : « Je ne suis qu’un être sans raison ; » [1] » ; et David : « Je suis devenu comme une bête en votre présence. » [2]. Ce n’est pas que l’un ou l’autre soit réellement une bête sans raison ; il ne l’est qu’en comparaison de Dieu. À ces chevaux de Dieu sont opposés ceux que possède Pharaon, et dont il est dit : « Dieu a renversé dans la mer le cheval et son cavalier. » [3]. De tels chevaux mènent, non pas au salut, mais à la perdition. Cherchons encore d’autres chevaux sur lesquels monte le Seigneur. Dans le quatrième livre des Rois, nous lisons que le serviteur d’Élisée, s’étant levé le matin et étant sorti, vit une armée et des chevaux, et des chars qui entouraient les murs de la Ville ; [4] ; et après que les prières du Prophète eurent obtenu que ses yeux fussent ouverts : « Il regarda », continue le livre, « et c’était une montagne couverte de chevaux et de chars de feu tout autour d’Élisée. » Prenons-y bien garde, le serviteur voit des chevaux et des chars, et il n’y. a personne sur aucun de ces chevaux et de ces chars, bien qu’ils soient innombrables ; celui qui tenait les rênes de ces chevaux et les dirigeait, c’est celui que le Psalmiste chante en ces termes : « Vous qui êtes assis sur les Chérubins, manifestez-vous. » [5]. C’est par de tels chevaux et dans un tel char qu’Élie fut ravi au ciel. [6]. Pour ceux qui voudraient apprendre dans Zacharie ce que sont les chevaux roux, les noirs, les marquetés et les blancs, qui sortent des myrtes plantés en un lieu bas et profond, ils en trouveront l’explication dans les commentaires sur Zacharie même, [7], si Dieu me prête vie assez longtemps pour les faire. Jean vit aussi des chevaux blancs avec leurs cavaliers ; [8] ; ceux-ci étaient, je pense, les âmes des saints, et les chevaux blancs étaient leurs corps ressuscitant dans la gloire. Mais quiconque est pécheur, comme je le suis, est assis sur un cheval noir, et c’est de lui qu’il est dit : « Ceux qui étaient montés sur des chevaux ont été frappés d’un profond assoupissement. » [9]. Au sujet des chevaux de cette sorte, l’Écriture dit : « Le cheval trompe celui qui en attend son salut ; » [10] ; car la chair est en révolte contre l’esprit, et sa sagesse est ennemie de Dieu. Ce langage vise ceux qui aiment le corps et sont assis sur des chevaux noirs. Pour nous, préparons nos âmes pour qu’elles deviennent les chevaux et les chars du Seigneur, qui monta sur Paul, qui monta sur Pierre, et c’est porté sur des chars de cette sorte qu’il a parcouru tout P univers. De là, tendant son arc et lançant ses flèches, il a renversé de fond en comble, détruit et anéanti les sceptres, c’est-à-dire les royaumes contre lesquels Jérémie fut envoyé, [11] et il a mis fin au règne du péché sur notre
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