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des hérétiques, pleine d’enflure auparavant, dès que vient la parole de Dieu, est humiliée, brisée et consumée. Tout ce qui d’abord semblait beau et grand est rejeté comme vil et petit. Tout cela a lieu à cause de la venue de Jésus-Christ comme hôte, selon ce que l’Écriture dit ailleurs : « J’habiterai en eux, je marcherai en eux, et je serai leur Dieu, et ils seront eux-mêmes mon peuple. » [1].


« J’ai vu les tentes des Éthiopiens à cause de l’iniquité, et les pavillons de peau de la terre de Madian seront dans le trouble. » [2]. Les Septante : « Pour prix de mes travaux, j’ai vu les tentes des Éthiopiens ; les tentes de la terre de Madian seront aussi frappées d’épouvante. » Les Éthiopiens, noirs, amis des ténèbres et ennemis de toute lumière, qui se nourrissent de la chair du dragon, dont il est écrit : « Vous l’avez donné pour nourriture aux peuples éthiopiens », [3], ce sont les démons, dont devient la tente quiconque, en ce monde, travaille en vue des honneurs et des richesses ; ce qui est expressivement marqué par le seul mot iniquité : « Car tout riche est ou injuste, ou héritier d’un injuste. » Qu’on voie les hommes passer les mers, faire le pied de grue à la porte des puissants, souffrir toutes les avanies qu’à peine souffrirait un esclave, afin de ramasser des richesses, de recevoir quelque haillon de dignité ; et, ce but atteint, ils se livrent à la luxure, aux plaisirs et à toutes les iniquités, en sorte que leurs débordements consument ce que l’avarice a amassé. Ainsi ces hommes, pour prix de leurs labeurs, deviennent les hôtes des démons ; ils devaient être le temple de Dieu, et ils sont changés en tentes des Éthiopiens. Pour ce qui suit : « Les pavillons de peau de la terre de Madian seront dans le trouble », ou bien, « les tentes de la terre de Madian seront aussi dans l’épouvante », on doit entendre par là que les tentes des Éthiopiens et celles de la terre de Madian sont une même chose. Après s’être enrichis, après être montés au plus haut échelon par tous les moyens, bons et mauvais, bourrelés alors des remords de leurs péchés, ils seront sans trêve dans l’épouvante de la mort, dans l’épouvante du jugement, et à la moindre fièvre, comme des larrons dans la prison, ils frémiront à la pensée des éternels supplices. Madian, en notre langue, se traduit, par « à cause du jugement », c’est-à-dire, de la condamnation ; par où la prophétie montre qu’ils seront toujours dans la crainte du jugement et dans l’épouvante des peines sans fin, et qu’ils endureront, dans une terreur de tous les instants, des tortures qu’ils savent mériter.

« Est-ce donc, Seigneur, que vous êtes en colère contre les fleuves ? est-ce que votre fureur s’exercera sur les fleuves, et votre indignation sur la mer ? vous qui montez sur vos chevaux, et qui donnez le salut par vos chariots de guerre. Vous préparerez et vous susciterez votre

  1. Lev. 26, 12
  2. Hab. 3, 7
  3. Psa. 73, 14