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ainsi : « Le diable sortira devant ses pas », et dont les Septante ont donné une autre version, d’après laquelle nous disserterons bientôt, Aquila remplace le mot diable par « volatile », et Symmaque, Théodotion et la cinquième édition le remplacent par « oiseaux ; » le mot hébreu est Reseph. La tradition des Hébreux rapporte que, de même que dans l’Évangile le prince des démons est appelé Béelzebub, [1], de même Reseph est le nom d’un démon qui occupe le premier rang parmi les autres, et qui, à cause de sa rapidité inouïe et de son activité en tous sens, est qualifié d’oiseau et de volatile ; que c’est le même qui, dans le paradis, parla à la femme sous la figure du serpent, et que son nom lui est venu de la malédiction dont Dieu le frappa, puisque Reseph veut dire « qui rampe sur le ventre. » Voici donc le sens de notre texte : Dès que le Seigneur sera venu et aura été baptisé dans le Jourdain, et qu’au moment où descendra la colombe auront retenti, comme un tonnerre, ces paroles du Père : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances », [2], le diable se précipitera au-devant, de Jésus sortant des eaux, la mort se dressera devant ses pas, avec l’antique serpent, qui le tenta pendant quarante jours dans le désert. D’autre part, si nous lisons, d’après les Septante : La parole ira devant sa face, et elle sortira dans les plaines sur ses pas », cela veut dire que la parole de Dieu précédera sa visitation, appelée ici allégoriquement sa face, et qu’elle préparera les cœurs des croyants, redressant les chemins qui ne sont pas droits, aplanissant ce qui était raboteux, afin que l’âme de l’auditeur, comme champ parfaitement ameublé, puisse recevoir la semence spirituelle.


« Il s’est arrêté, et il a mesuré la terre ; il a regardé les nations, et elles se sont fondues ; les montagnes du siècle ont été réduites en poudre, et les collines du monde ont été abaissées sous les pas de son éternité. » [3]. Les Septante : « Il s’est, arrêté, et la terre a été ébranlée ; il a regardé les nations, et elles sont tombées en poussière ; les montagnes ont été brisées par la violence du choc, et les collines du siècle se sont séchées sous le passage de son chemin éternel. » Le Sauveur s’arrêtant pour jeter les yeux sur toutes choses et mesurer du regard tout l’univers, a dispersé la multitude des infidèles ; ceux-ci, dispersés et anéantis, les montagnes du siècle ont été réduites en poudre, et les collines de ce monde ont été abaissées ; car il y a d’autres montagnes et d’autres collines sur lesquelles bondit et au-dessus desquelles passe l’époux du Cantique des cantiques, et à leur sujet le second psaume des Degrés s’exprime ainsi : « J’ai levé les yeux vers les montagnes d’où me viendra le secours. » Psalm. 120, 1. Pour les montagnes du siècle, ce sont les mêmes que ces montagnes couvertes de ténèbres an sujet desquelles Jérémie nous prescrit de veiller à ce que nos pieds ne se heurtent point

  1. Mat. 12, 1
  2. Mat. m, 17
  3. Hab. 3, 6