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ainsi que David s’écrie : « Ne vous souvenez point des fautes de ma jeunesse et de mes ignorances. » [1]. D’aucuns estiment que c’est une prière du Prophète, afin que l’erreur des hommes soit ôtée dans l’avènement de Jésus-Christ, et c’est pourquoi le titre de Prophète est marqué tout d’abord dans le préambule, parce que c’est par l’esprit prophétique qu’il prie, afin que les ténèbres soit dissipées et la lumière rendue, l’image ôtée et la vérité accordée. Cette prière est d’ailleurs bien une prophétie, tout le texte du Cantique le prouve, et surtout les passages suivants : « Vous serez comme au milieu de deux animaux ;… lorsque les années approcheront, vous serez connu ; » et au sujet du jugement : « Lorsque mon âme sera troublée dans votre colère, vous vous souviendrez de votre miséricorde ; » et de nouveau, touchant la venue de Jésus-Christ : « Dieu viendra de Théman, et le Saint de la montagne couverte d’ombrages et peuplée d’arbres… Les pavillons de la terre de Madian seront dans l’épouvante, et, montant sur vos chevaux, vous préparerez et vous banderez votre arc contre les royaumes. » Que si quelqu’un demande d’où vient que le seul Théodotion a traduit « pour les fautes volontaires », nous pouvons répondre, ou que le Prophète confesse qu’aucune nécessité ne l’a poussé à pécher, mais qu’il l’a fait de lui-même, par une mauvaise manière de voir la justice de Dieu, on assurément qu’il veut mettre en relief la foi future des Gentils, en ce qu’abandonnant volontairement leur erreur d’autrefois, ils croiront en Celui que promet ce Cantique. Nous lisons dans le Psaume seize : « Prière de David », et dans un autre pareillement : « Prière de David ; » et dans le quatre-vingt-huitième : « Oraison du pauvre, lorsqu’il sera dans l’affliction, et qu’il répandra sa prière en la présence du Seigneur ; » et si ce mot de prière est mis en avant encore ailleurs, ce n’est néanmoins nulle part avec celui de Cantique. Je ne sais, d’ailleurs, s’il serait décent de prier sur le ton du Cantique, à moins que nous n’expliquions, d’après les Septante, qu’ici le Prophète prie pour la venue de Jésus-Christ, et qu’il la prophétise avec joie par des psaumes et un cantique, en sorte qu’il y a prière en ce qu’il supplie le Père, et qu’il y a cantique en ce qu’il chante les louanges du Père, qui a envoyé le Fils, et du Fils, qui est venu. Voilà pour le titre du Cantique. Voyons maintenant ce que dit le Cantique lui-même.

« Seigneur, j’ai entendu ce que vous avez fait entendre, et j’ai ôté frappé de crainte. Seigneur, au milieu des années, donnez la vie à votre courage. » [2]. Les Septante : « Seigneur, j’ai entendu ce que vous avez fait entendre, et j’ai été frappé de crainte. Seigneur, ÷ j’ai contemplé ⁎* vos œuvres, ÷ et j’ai été muet d’étonnement ⁎* ; vous serez connu au milieu de deux animaux. » Où je dis, avec Aquila et Théodotion : « Donnez la vie », Symmaque écrit : « Redonnez la vie. » Quant à ces mots des Septante : « J’ai considéré et j’ai été muet d’étonnement », on ne les trouve ni dans le texte hébreu, ni dans aucun des autres traducteurs, en sorte que, supprimant ce qui n’est pas dans l’hébreu, on

  1. Psa. 24, 7
  2. Hab. 3, 1