Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

et de l’injustice commise contre la terre, et la ville et tous ceux qui y habitaient. » [1] Les Septante : « Malheur à celui qui verse à boire à son prochain, pour le renverser, un mélange trouble, et qui l’enivre, afin de le voir de nouveau dans sa caverne ! Déchu de la gloire, 'buvez, vous aussi, la honte jusqu’à la lie, et soyez ébranlé. La coupe que tient la main du Seigneur vous a circonvenu, et toutes les ignominies ont été réunies sur votre gloire. L’impiété du Liban vous couvrira, et l’état calamiteux des bêtes vous effraiera, à cause du sang des hommes et des impiétés de la terre et la ville, et de tous ceux qui y habitaient. » Au lieu des mots : « Pour le renverser, un breuvage trouble », Symmaque a dit : « Et qui déchaîne sans jugement sa fureur ; » Théodotion : « De l’écoulement de votre fureur ; » la cinquième édition : « Du renversement inattendu de votre colère ; » Aquila : « De l’émission de votre fureur. » Dans une autre édition, j’ai trouvé : « Malheur à celui qui donne à boire à son ami le tourbillon qui vole ; » et ailleurs encore, cette traduction : « Malheur à celui qui donne à boire à son prochain la démence trouble. » Je fais ces remarques, afin qu’on puisse savoir combien, sur le mot hébreu Maspha, que les Septante ont traduit par « renversement », il y a discordance entre toutes les éditions.

La prophétie s’élève toujours contre Nabuchodonosor, parce qu’oublieux de sa condition et comme s’il ignorait qu’il est homme, il a versé à boire à autrui le fiel et l’amertume. Nous pouvons entendre par ami, ou le roi de Juda, ou tout autre homme en général, en ce que Nabuchodonosor les enivra de maux, afin de voir la nudité de Sédécias et de tous les captifs ; au lieu de cela, voici la traduction de Symmaque et de la cinquième édition : « Afin de voir leurs ignominies. » Cette métaphore de l’homme ivre et dégradé par la nudité, signifie que Nabuchodonosor enivra tous les Juifs à la coupe de sa fureur, qu’il les vit tous dépouillés et captifs, et que ceux-ci, après avoir été autrefois comblés de gloire, furent réduits à la plus dure des servitudes ; car c’est bien là ce que dit le texte : « Il est rempli d’ignominie au lieu de gloire », en sous-entendant l’ami et le prochain, ou bien le collègue en royauté, qui a bu à ta coupe, ô Nabuchodonosor. Par conséquent, puisque vous en avez enivré plusieurs, buvez, vous aussi, à la coupe du Seigneur, et soyez frappé d’engourdissement : vous allez être circonvenu par les supplices qu’enverra la main du Seigneur, vous aurez la honte de rejeter comme dans un vomissement toutes les richesses que vous avez englouties, et du faîte de votre gloire vous serez précipité dans les derniers des maux. « Car l’iniquité envers le Liban vous couvrira ;» votre orgueil, le renversement du temple et le dépouillement du sanctuaire causeront votre extermination et votre ruine. Et comme le texte venait d’employer le mot de Liban, sous la

  1. Hab. 2, 15 et seqq.