Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

que je lai dois répliquer. C’est avec élan et avec un sens admirable que le texte décrit cette impatience humaine que nous portons toujours dans les discussions : nous sommes prêts à répondre, avant qu’un antagoniste nous ait répondu et que nous sachions en quoi il nous reprendra, ce qui prouve que notre réponse s’inspirera moins de la raison que de l’esprit de querelle. La raison, en effet, conseille d’attendre le moment de la réplique, afin de voir si l’on doit la faire, ou si l’on doit souscrire à une réponse raisonnable. Sur ces mots : « Pour voir ce qui sera dit en moi », il faut remarquer que la Vision prophétique et la parole de Dieu ne se font pas extérieurement pour les Prophètes, mais intérieurement et pour l’homme intérieur. De là le langage de Zacharie : « L’ange qui parlait en moi ; » [1] ; et celui du Psalmiste : « J’écouterai ce que le Seigneur dit en moi. » [2].


« Alors le Seigneur me répondit et me dit : Écrivez ce que vous voyez, et marquez-le distinctement sur des tablettes, afin qu’on puisse le lire couramment ; car cette vision est au loin, elle apparaît à la fin, mais elle ne sera pas mensongère. Si elle diffère, attendez-la, parce qu’elle arrivera assurément, et qu’elle ne tardera pas. Celui qui est incrédule n’a pas Pâme droite, mais le juste vivra dans sa foi. » [3]. Les Septante : Le Seigneur me répondit et me dit : Écrivez cette vision distinctement sur le buis, pour que celui qui la lira persévère ; car cette vision est encore dans l’avenir et n’apparaîtra qu’à la fin ; mais elle ne sera point vaine. Si elle est lente, attendez – la, parce qu’elle arrivera certainement, et elle ne tardera pas. Si votre foi se retire, elle ne plaira pas à mon âme en cela ; le juste, au contraire, vivra par sa foi en moi », Au lieu de tablettes et de buis, en hébreu Alluoth, Symmaque dit des « pages ; » et les Septante seuls ont mis : « Le juste vivra parce qu’il a gardé ma foi », tandis que tous les interprètes disent : « Vivre à cause de sa foi », et Symmaque donne même une interprétation beaucoup plus explicite : « Le juste, au contraire, vivra par le moyen de sa propre foi. » Baemunatho, « dans sa foi », ne pourrait se rendre, à bon droit, par les mots « dans ma foi », que si la dernière lettre Vau était remplacée par Jod, et c’est donc Beamunathi que les Septante ont lu par erreur, trompés par l’extrême ressemblance du Vau et du Jod, qui ne diffèrent que pour la grosseur. La suite des explications fera comprendre là portée de cette remarque.

Conformément à cette promesse faite à l’homme saint dans Isaïe : « Vous n’aurez pas fini de parler, que je dirai : Me voici », [4], le

  1. Zac. 1, 9
  2. Psa. 84, 9
  3. Hab. 2, 2 et seqq
  4. Isa. 65, 24