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à craindre qu’il n’y ait personne contre qui la malice de l’étranger ne vienne. Remarquons bien que le texte ne dit pas : « En qui votre malice ne soit pas entrée, ô étranger ; » il a dit : « Contre lequel elle ne soit survenue. » Souvent les traits des fausses doctrines fondent sur nous à l’improviste et s’efforcent, pour ainsi dire, d’entrer dans le secret de l’âme ; mais si nous fermons les portes, l’étranger survenant et faisant irruption autant qu’il le peut, multiplie en vain ses assauts : dès qu’avec l’aide de Notre-Seigneur Jésus-Christ nous ne commettons pas la moindre négligence dans la garde de notre cœur, l’étranger se rue contre nous, mais il ne peut entrer.


COMMENTAIRES SUR LE PROPHÈTE HABACUC EN DEUX LIVRES.

A CHROMATIUS.

PROLOGUE.

Il convient de remarquer d’abord, ô Chromatius, le plus savant des évêques, qu’on trouve chez les Grecs et chez les Latins le nom de ce Prophète corrompu en Ambacus, quand le nom hébreu est Habacuc, qui se traduit par « embrassement », ou plus expressivement en grec par périlepsis ; en second lieu, que le mot Massa de l’hébreu, traduit par « enlèvement » dans les Septante, dans Symmaque et dans Théodotion, est rendu par « fardeau » dans Aquila, différence d’interprétation que j’ai pleinement discutée au sujet de la prophétie de Nahum. Or, aucun préambule de prophétie ne porte ce mot de Massa, à moins que ce que voit le Prophète ne soit plein de lourds et écrasants travaux. La prophétie d’Habacuc a donc une allure sévère, propre à nous exhorter, comme le pesant fardeau que Nahum avait vu suspendu sur