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sur la terre, comme y tombe le hanneton fatigué. Vous avez traversé toutes ces épreuves, parce que vous avez multiplié les richesses et le trafic des doctrines mensongères, avec la pensée qu’elles brillaient plus que les astres, qu’elles étaient plus resplendissantes que les étoiles du ciel. – Après ce rapide aperçu du contexte, qui permet d’en embrasser le sens, revenons au début, et expliquons chaque point dans la mesure de nos forces.
Peut-on nier que l’âme, belle de sa nature, quand elle n’a plus, sous l’huile de la luxure et des plaisirs mondains, que l’éclat superficiel de Ninive, a perdu sa virilité et n’est plus qu’une femme qui languit au milieu d’énervantes délices ? Puisque l’âme du juste arrive à la perfection de l’homme céleste, en conservant la fermeté de traits de l’image originelle, et devient un même esprit avec Dieu, en lui demeurant indissolublement attachée, comment ne pas admettre que Pâme qui aime le monde devient un avec lui, et que ses traits perdent enfin la fermeté de ceux de l’homme, pour ne plus avoir que la molle indécision de ceux de la femme ? C’est pour cette raison, à mon avis, que Pharaon donne l’ordre de jeter dans le fleuve tous les enfants mâles qui naîtront parmi les Hébreux et de ne réserver que les filles. Exo. 1, 16. Le roi d’Égypte, qui dit de lui-même : « Les fleuves sont à moi, et c’est moi qui les ai faits », Exo. 29, 9, ne pouvait faire un autre commandement que celui de jeter dans les eaux, dont les courants l’emporteraient dans la mer, tout ce qu’il y a de fort et de viril parmi les Hébreux, c’est-à-dire ceux qui ne font que passer à travers ce monde, et de réserver d’autre part à la vie, de laisser grandir et multiplier tout ce qui est efféminé et mou, tout ce qui paraît beau selon le monde. Il est à remarquer que le despote égyptien ne peut mettre à mort ceux des Hébreux qui ont l’âge d’homme, ni ceux qui sont déjà sortis de l’enfance ; il n’a ce pouvoir que contre ceux dont l’âge est tendre encore, le corps mou et dont la croissance est à son commencement. Il sait qu’il ne peut arriver à l’accroissement des femmes qu’à la condition de mettre à mort tous les enfants mâles, et il donne l’ordre d’étouffer dans les profondeurs de son fleuve tout ce qui naît de fort et de viril chez les Hébreux, pour que ce qui a la faiblesse féminine, demeurant seul, se développe plus librement.
Ce qui suit dans le texte : « Les portes de votre terre seront entièrement ouvertes à vos ennemis », s’explique par ce passage de Jérémie : « La mort monte par vos fenêtres ; » Jer. 9, 21 ; car les fenêtres dont parle Jérémie ne sont pas autre chose que les portes dont parle ici Nahum, c’est-à-dire les sens. La parole de Dieu, qui sait que les sens sont doubles, pour montrer qu’il faut en cela distinguer les bons des mauvais, dit dans les Proverbes : « Vous trouverez le