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plus puissante qu’Alexandrie ? Et on dépeint la position d’Alexandrie assise sur le Nil et sur la mer, entourée de tous côtés d’eaux et de fleuves : « L’eau l’environne, ses richesses sont la mer, et les flots ses remparts. » Elle a d’un côté le Nil, d’un autre le lac Maréotide et de l’autre la mer. En montrant l’Éthiopie, l’Égypte et l’Afrique, que l’hébreu désigne par Phut, et la Lybie comme ses auxiliaires, on indique la position réciproque des provinces et de la ville. Et néanmoins cette ville, dont ma parole, dit le Prophète, fait ce tableau, sera prise par le roi Babylonien, et il portera la dévastation chez toi comme chez elle. Josèphe, historien juif, le rapporte également dans ses écrits. « Ses petits enfants seront brisés sous les fers », ses nobles seront tirés au sort par les vainqueurs, et ses princes, jadis puissants, seront emmenés chargés de chaînes.
Puisque tel doit être le sort d’Alexandrie, ô Ninive, toi aussi tu boiras au même calice, tu seras enivrée et renversée dans ton ivresse, tu seras un objet de mépris, et tu en viendras à. l’extrême nécessité de solliciter le secours de tes ennemis, les Babyloniens ou contre les Babyloniens. Tes fortifications, tes remparts si élevés, et tes hautes tours, que tu estimes maintenant inexpugnables, et tes guerriers et tes vaillants hommes de guerre ressembleront aux figues hâtives qui, secouées par le plus léger choc, tomberont sous la dent dévorante.
Ce qu’on lit dans les Septante : « Prépare » ou « dispose l’instrument » est encore dit à Ninive, et en voici le sens : Ce qui est en toi sans arrangement et sans ordre, et si discordant, fais-en comme un instrument à cordes, ô Ninive, car rien ne t’adviendra de ta beauté et de ta grandeur, quoique tu te prennes en si haute estime que de te préparer aux hymnes funèbres. Regarde, en effet, combien peu tout ce qui fut l’héritage des fils d’Ammon et tout ce qu’ils croyaient avoir de biens a pu leur éviter de s’en aller en captivité, et à ses petits enfants d’être écrasés sur les routes. De quoi lui ont servi les fleuves sur lesquelles elle était assise ? et, à part les fleuves, cette multitude de puits et de fontaines commençant à la mer Morte et enfermant son territoire ? De quel secours lui ont été l’Éthiopie et l’Égypte, autrefois ses alliées ? De même donc qu’aucun appui de ses alliées ne l’a soutenue, ainsi, ô Ninive, tu ne sauras t’arrêter dans ta fuite, mais tu seras saccagée de toutes parts. Que dire des Éthiopiens et des Égyptiens, qui étaient les premiers des fils d’Ammon, quoique les Libyens lui fussent unis ? Elle sera cependant conduite en captivité, et ses petits enfants, dans l’impuissance de marcher, seront massacrés sur les routes sous les yeux de leurs parents, et