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« pleine d’indocilité opiniâtre », et Symmaque par « pleine de cruauté ou de dureté. » Dans une autre édition, j’ai trouvé μελοχοπἰας πλήρης, c’est-à-dire « de divisions de chairs et de membres brisés » ; et ensuite il ajoute aussitôt : « Où on trouve toujours du butin. » Or, l’hébreu pherec veut dire non « indocilité », pourquoi nous avons trouvé ἐξουχενισὁν dans l’édition d’Aquila, mais « gouvernail », montrant par là que c’était la ville royale et qu’elle portait en elle, comme dans un vaisseau, le gouvernement de toutes les nations. On fait le tableau de sa puissance, c’est-à-dire de Ninive, et, sous forme de plainte, on l’accuse de cruauté. Malheur à toi, cité de sang où rien n’est vérité et où tout est mensonge, ville pleine de rapine, de dilapidation et de butin. Voix du fouet, toujours cruel et d’un commandement sans pitié, et voix de la roue qui se précipite. Voix se doit prendre pour bruit ; roue qui se précipite, pour course en tous sens et, soit pour le coursier frémissant et pour le char qui se hâte, le mot voix est sous-entendu. Dans l’hébreu, la description d’une armée se préparant au combat est si belle et ressemble si bien à une peinture, que mon récit n’en paraît que plus défectueux. Quand il parle de « grave défaite et de cadavres sans fin », entendons-le des ennemis qui sont tombés sous leurs coups. Et ils tomberont sur leurs corps, ou ils seront renversés en raison de leur masse même, tant ils sont nombreux et serrés les uns contre les autres, ou ils roulent sur les propres cadavres de leurs morts : le mot αὐτων veut à la fois soit « siens » soit « d’eux. » À cause, dit-il, delà multitude des fornications de cette courtisane, parce qu’elle s’est souillée avec un grand nombre de peuples et qu’elle honorait les idoles de l’univers entier qu’elle s’était soumis. « Belle et agréable et en possession de sortilèges », désignant par là ses magiciens ; « qui a vendu les peuples dans ses fornications et les familles dans ses sortilèges », c’est-à-dire qui eut puissance sur toutes les nations. Tout cela est dit simplement de Ninive. D’autre part, si, à cause de la qualification de « belle », nous voulons voir le monde dans cette Ninive, c’est bien à bon droit que le monde qui est placé dans le mal est appelé cité du sang, à cause du nombre de ceux qui lancent des flèches et de ceux dont les langues, à l’instar de glaives, mettent les hommes à mort. Par là donc, elle est toute de mensonge, ce qui a trait à la perversité de ses doctrines et à l’absence de toute parole de Dieu sur laquelle elle puisse reposer sa tête, n’ayant en sa possession que des dogmes pervers. Il ne s’y trouve personne qui comprenne ou qui cherche Dieu ; tous ont dévié de la voie de la vérité, tous ensemble sont devenus inutiles ; il n’y en a pas même un seul qui fasse le bien ; Psa. 13, 2-3 ; parole qui, quoiqu’elle se réalise en