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n’en jamais sortir. Que si ce qui nous avait été soumis auparavant nous a fui pour aller chez les enfants de l’étrangère, ne sortons pas des murs de notre cité et ne suivons pas les traces des fugitifs, de peur que, en voulant les sauver, nous ne périssions nous-mêmes ; laissons les morts ensevelir leurs morts », Mat. 8, 22 arrachons, pendant qu’il en est temps, notre œil, s’il est un sujet de scandale, coupons notre main et notre pied. Mat. 5, 30. Quant à ces mots : « Ils pillaient l’argent, ils pillaient l’or, et ils ne trouvaient pas la fin de son opulence ; elle s’est amassé un lourd fardeau avec les vases de sa concupiscence », ils s’appliquent aux eaux de Ninive, et à ceux qui, ayant fui, n’ont pas cessé de fuir ; aucun ne regarde, en arrière, et non contents de fuir et de ne jamais regarder en arrière, ils pillent en outre l’argent, tout ce qu’il parait y avoir d’éloquence dans le monde, et ils pillent l’or, tout ce qu’il y avait de belles maximes dans la doctrine du siècle, afin d’en orner Ninive, pour arranger leurs dogmes avec la fleur des sens et des mots. C’est pour cela que Ninive a été appesantie par tons les vases qu’elle a convoités, parce que plus elle possédait d’or et d’argent, et de meubles précieux, étant déjà pesante, elle le devenait d’autant plus qu’elle aimait ce qui est lourd. De là vient que Zacharie nous montre l’iniquité assise sur une masse de plomb, Zac. 5, 7 que les Égyptiens appesantis par leurs péchés furent engloutis dans la mer comme du plomb, Exo. 14, 28 que le pécheur s’exprime ainsi dans le psaume : « Mes fautes se sont appesanties sur moi comme un écrasant fardeau, Psa. 37, 6, et que Pierre, qui auparavant effleurait les eaux d’un pied léger suspendu au-dessus d’elles, après que son incrédulité l’eût appesanti, aurait été dévoré par les flots, si la main du Seigneur ne l’eût soutenu. Mat. 14, 31.
« Ninive est détruite, elle est renversée, elle est déchirée ; on n’y voit que des cœurs séchés d’effroi, dont les genoux tremblent, dont les reins tombent en défaillance, dont les visages ont tous la noirceur d’une marmite brûlée. » Nah. 2, 10. Les Septante : « On ne trouve que secouement, nouvel ébranlement, ébullition, brisement du cœur, tremblement des genoux, douleurs sur tous les reins, et visages noirs comme une marmite brûlée. » Ninive est dépeinte sous l’image d’une femme captive ; elle est abattue, ruinée, déchirée ; son cœur est séché d’effroi, ses genoux tremblent, ses reins sont brisés, et, à cause de la terreur inspirée par les ennemis et de l’excès de l’épouvante, les visages de tous ses habitants, semblables au-dehors d’une marmite, sont comme brûlés, et défigurés de consomption et de pâleur.
Sur la version des Septante, il faut chercher dans un sens plus élevé ce que signifie secouement