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la belle, c’est le monde, voyons ce qu’est la piscine du monde. L’Écriture ne dit pas que les eaux de Ninive soient comme celles de la mer, ou celles des fleuves, ou celles des fontaines, ou celles des puits, mais comme les eaux d’une piscine ; en sorte que, de même que Jérémie reproche au peuple d’avoir abandonné la source d’eau vive pour se creuser des lacs percés qui ne peuvent pas garder l’eau, Jer. 2, 13, de même en Ninive toutes les eaux sont de celles qui, étant tombées du ciel et ayant quitté leur antique hauteur, seront tombées au plus bas de l’abîme. Tous les dogmes de ce monde, qui sont hors de la source de l’Église et du jardin scellé, qui ne peuvent pas dire : « Un fleuve aux eaux vives répand la joie dans la cité de Dieu », Psa. 45, 5, et qui ne sont pas de ceux qui au-dessus des cieux louent le nom du Seigneur, quelque grands qu’ils paraissent, sont petits pourtant et enfermés dans une étroite limite. Qu’on ne s’étonne point de nous voir prendre le mot piscine en mauvaise part, alors qu’on doit prendre en bonne part celle vers laquelle il est enjoint à Isaïe, fils d’Amos, de monter ; pour celle-ci, il y a cette précision : « Piscine de l’aqueduc et piscine du foulon », Isa. 7 et 37, eau qui lave ce qui est souillé et qui nettoie les habits chargés de taches. Gomme elle coule dans un lieu élevé, il est ordonné au Prophète d’y monter, d’aller au-devant du roi et de lui promettre la victoire sur les deux tours brûlées.
Nahum poursuit : « Les fugitifs », les habitants de Ninive, « ne se sont pas arrêtés. » Ils auraient dû d’abord ne pas fuir Dieu, et ensuite, l’ayant fui, s’arrêter enfin ; car il y a une grande différence entre celui qui fuit et qui s’arrête, et celui qui a pris la fuite et ne s’arrête plus : celui qui s’arrête cesse de fuir, tandis que l’autre persévère toujours dans sa lâcheté. Or, de toute cette innombrable multitude de fugitifs, il n’y en avait aucun qui regardât en arrière, qui fit pénitence, et qui écoutât cet appel du Seigneur ; « Revenez à moi, enfants infidèles, et je guérirai vos blessures. » Jer. 3, 22. De là ce mot du Saint dans le psaume : « Il ne m’est resté aucun moyen de fuir. » Psa. 141, 5. La même signification, je crois, se trouve dans la parabole de la lèpre, au sujet de laquelle le Lévitique dit : « Lorsqu’un lépreux aura été séparé de la compagnie des autres par le prêtre, si la lèpre s’arrête, cet homme sera pur », il sera purifié après avoir été repoussé comme lépreux, il retournera au camp et il habitera parmi le peuple. « Si, au contraire, la lèpre s’est répandue davantage », Lev. 13-14, si, au lieu de s’arrêter, elle a augmenté et a eu de l’accroissement, changeant la couleur qu’avait autrefois la peau saine, alors il est prouvé, par celui qui a la science pour examiner et purger la lèpre, que le patient est atteint de ce mal de la manière la plus indubitable. Pour nous, il nous est prescrit parle vrai Salomon d’habiter dans Jérusalem et de