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la paix. » J’ai cité davantage du texte des Septante, parce que le second fragment ne pouvait pas se séparer du premier. » Les Septante ont traduit par « car rapides », l’hébreu chi calloth, que j’ai rendu ainsi : « Parce que vous vous êtes déshonoré. » Or, la pensée reste en suspens, à moins de faire rapporter rapides à « pieds » du verset qui suit : Et maintenant, selon ma coutume, je discuterai d’abord le sens historique, et ensuite la manière de voir de la Vulgate. Le Seigneur donnera des ordres contre vous, ô Assur, afin que ce que vous devez souffrir n’arrive point par hasard et sans décision de juge, mais sur l’arrêt du Seigneur. Votre nom ne se propagera plus à l’avenir ; et en effet, à peine de retour à Ninive, Sennachérib fut assassiné par ses enfants, Isaïe en fait foi, et mis à mort dans la maison de son dieu où il était entré pour l’adorer, puisque l’Écriture porte : « Je ferai de la maison de votre dieu la cause de votre mort ; » Isa. 37, 38 ; c’est de là que vous attendiez du secours, et c’est de là que vous viendra le châtiment. La statue de votre dieu, votre idole, sera votre sépulture ; votre sang criminel coulera aux pieds des autels de vos idoles, sur les coussins où vous étiez à genoux pour les adorer. Pour la version des Septante, il faut relier à ce qui précède ce qui suit : « Votre nom ne se propagera plus à l’avenir. » Désormais, ô hérétiques, les âmes que vous trompiez n’accepteront plus de vos doctrines les noms qu’elles avaient d’abord donnés à leurs terres, comme le chante prophétiquement le psaume quarante-huit. Vous aurez tout gain de cette cessation de propagation, qui donnait la mort, d’abord à l’âme du semeur, et ensuite à celle dans laquelle il semait, ils mourront donc pour vous les dogmes de l’erreur ; vous qui vous imaginiez d’abord être vivant, vous mourrez à l’erreur, et mort pour votre bien, vous aurez pour sépulcre les idoles que vous adoriez auparavant. 11 arrivera ainsi que toutes les erreurs seront ôtées de votre cœur, qui avait été auparavant le temple de votre dieu, que vous vous étiez inventé. C’est là ce qui vous arrivera, à vous qui formiez autrefois des desseins ennemis contre le Seigneur, lorsque la parole de Dieu, qui monte toujours sur les montagnes, c’est-à-dire sur les âmes élevées et sublimes, sera venue rapidement vers vous, et, après avoir foulé aux pieds et ramenés au calme les flots de vos anciennes erreurs, vous rendra la paix de la foi et la raison. Que l’on pardonne à la longueur du commentaire : je ne puis analyser en moins de mots le sens littéral et le sens mystique, que je suis l’un et l’autre, surtout lorsque, mis à la torture par la divergence des interprétations, je suis contraint parfois, à mon cœur défendant, de donner le dessin des opinions de la Vulgate.
« Je vois sur les montagnes les pieds de celui qui apporte la bonne nouvelle et qui annonce