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les « chiffons de papier » ne sont employés que dans les cas de troubles intestinaux.

« Je ne saisis pas, dit von Bernstorff qui comprenait trop bien.

« Le peuple de l’Empire de l’Espace qui est seul maître de ses destinées, ne peut traiter qu’avec un peuple libre.

« Et notre empereur, qu’en faites-vous ? demanda Bernstorff interloqué.

« L’empereur Baptiste, répondit Courtemanche, ne commande qu’à des hommes libres qui n’obéissent pas comme des esclaves sous le bâton du maître.

« Mais enfin ! fit Bernstorff qui croyait rêver.

« À quoi bon vos traités, continua Baptiste, celui que vos ministres ont jadis signé à la Belgique restera pour toujours dans l’histoire du monde une tache honteuse que jamais vous ne réussirez à effacer.

« Et que dois-je répondre à l’empereur Guillaume, quelle est votre réponse ? demanda von Bernstorff.

« Elle est la même que celle qu’illustra à la bataille de Waterloo un général français, répondit Baptiste en mettant en action les résonateurs qui firent un bruit si épouvantable que les Boches terrifiés s’enfuirent à toute vitesse.


VIII

PLANS DE CAMPAGNE.

Le sort en était jeté, l’Empire de l’Espace était en guerre avec l’Allemagne. Comme on a pu en juger, cela n’avait pas été long, mais tout aussi bien que si des diplomates avaient gâté la sauce.

Qu’allait-il arriver ?

Si nous avons bonne souvenance, Philias Duval, l’incontestable ministre des finances, le non moins illustre prince, dans le but de se soustraire à la curiosité publique, craignant que par le plus grand des hasards son identité ministérielle fut connue, s’était retiré dans une île qu’il possédait au Grand Nord, c’est-à-dire dans ces superbes îles du St-Laurent, situées non loin de Sorel et de Berthier. Celle de Philias Duval était des plus pittoresque, boisée sur plus de la moitié de sa superficie, ayant un immense jardin potager, un enclos pour les bestiaux et l’habita-