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vieux, il faudrait pour cela qu’ils sortent de leur naturel. Attaquer des faibles, ça c’est leur fort, mais nous, qu’ils ont toutes les raisons de croire les plus forts, jamais, car à moins d’avoir des mitrailleuses dans le dos pour les faire avancer, ils ne grouilleront pas. S’ils veulent être méchants, nous filerons si haut et si vite que jamais ils ne sauraient nous rejoindre, mes résonateurs électriques les mettront à la raison.

« Fais ce que tu veux, répondit Titoine en faisant la grimace, tomber d’où nous sommes et l’eau est bien froide. Et le malheureux dentiste portant sa gourde à sa bouche, avala un bon coup de p’tit blanc.

Les avions qui se dirigeaient vers eux étaient trois hydroaéroplanes boches très reconnaissables à leurs croix de Malte. Un d’eux portait un drapeau blanc.

« Ce drapeau blanc me semble de bonne augure, fit Titoine rassuré.

« Vrai, tu es naïf, dit Baptiste en souriant, généralement le drapeau blanc pour les peuples civilisés est signe d’amitié, celui des parlementaires.

« Eh bien ! alors ? fit Pelquier.

« Ah ! ah ! cher vieux, dit Baptiste en riant, tu en es encore à prendre les Boches pour des gens civilisés, d’éiousque sors-tu ?

Les avions allemands se dirigeaient en effet vers le « Wawaron » et comme le lecteur l’a deviné, c’était la mission envoyée par le Kaiser. Celui du milieu contenait l’ex-ambassadeur d’Allemagne aux États-Unis, Son Excellence le Comte Johann Heinrich von Bernstorff, et à ses côtés comme pilote le Capitaine von Papen.

Lorsque l’avion portant l’ambassadeur fut assez près, celui-ci prenant son porte-voix dit :

« Je suis le Comte von Bernstorff, envoyé par l’Empereur d’Allemagne pour vous inviter à Berlin où un traité vous sera proposé, traité d’alliance qui mettra peut-être en se réalisant fin à la terrible guerre qui désole en ce moment l’humanité toute entière.

« Y parle pas mal, fit Pelquier.

« Tout ça, mon vieux, répondit Baptiste, c’est du chocolat. Écoute un peu, j’vas z’y conter ça.

« Monsieur l’ambassadeur, cria Baptiste en prenant son porte-voix, vous direz à votre maître que dans l’Empire de l’Espace