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trousses. Ceux qui regardaient restèrent tout d’abord comme pétrifiés, puis un cri terrible sortit de toutes les poitrines : « Le bolide ! »

Non, braves gens, calmez vos sens abusés, ce n’était pas le fantasmagorique bolide qui depuis si longtemps défrayait les conversations, servait d’effarouchoir aux petits enfants, allumait de si véhémentes polémiques dans les journaux, mais tout simplement le pacifique « Wawaron » qui portait Baptiste Premier et son fidèle ministre le duc de Ste-Cunégonde, venant tous deux rendre visite à une nation amie

Oui, lecteurs, c’était le Wawaron portant sur son avant le drapeau britannique en signe de cordialité et à sa proue celui de l’Empire de l’Espace : « Étoiles d’or sur azur ».

L’ébahissement général fit place à un enthousiasme indescriptible, des cris de joie, des clameurs, des hourrah ! se firent entendre à un tel point que le bruit en était étourdissant.

Le ciel était libre de tout dirigeable ou avion, seul le Wawaron descendait graduellement et maintenant tous pouvaient parfaitement distinguer l’auto-aérien et son nom qui se détachait en lettres d’or à son avant.

Sur la passerelle, un porte-voix à la main, Titoine, duc de Ste-Cunégonde, vêtu pour la circonstance d’un costume de général de l’époque de la révolution française en 1793, avait à ses côtés Baptiste 1er  qui, lui, avait modestement endossé la capote grise et le petit chapeau du grand Napoléon.

Lorsque le Wawaron fut à une hauteur raisonnable, Pelquier se tourna vers Baptiste et lui dit :

« Ce qu’y sont épatés nos amis les Anglais, et puis les Boches y z’ont tout de même sapré leur camp. Mon vieux, ça prend des p’tits Canayens pour travailler de même.

Baptiste sourit, puis se rendit à la cabine et mettant les mains sur les manettes de propulsion il fit évoluer le Wawaron qui fit lentement le tour du dôme de St-Paul, puis se dirigea vers le square Trafalgar où Titoine laissa tomber un paquet qui tomba aux pieds de la statue de Nelson.

Des gardes qui se trouvaient là prirent le paquet sur lequel était inscrit : « Au Très Honorable Lloyd George, Premier Ministre ».

Les gardes lurent cette adresse avec surprise et donnèrent le paquet à un des “horse-guards” qui étaient de garde auprès de la statue, et celui-ci partit à toute vitesse dans la direction du palais du gouvernement.