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Il faut être Boche pour l’expliquer. Boche pour le comprendre.

Donc depuis des semaines, des mois, les postes d’observations étaient nuit et jour en éveil. L’administration civile agissant conjointement avec les autorités militaires, prenaient avec soin les précautions les plus grandes, tout était mis à l’œuvre, des refuges spéciaux avaient été préparés pour le public qui était immédiatement prévenu par des signaux en cas de danger. Des experts se servant d’instruments spéciaux scrutaient sans relâche les moindres recoins du ciel.

Aussitôt que des dirigeables ennemis étaient signalés, l’alarme était donnée, le feu de barrage ouvert par l’artillerie et les avions anglais se mettaient en chasse. Le peuple se réfugiait dans les caves ou abris, d’autres plus braves, défiant le danger, se plaçaient sur les places publiques ou même montaient sur les toits pour mieux observer les différentes péripéties du combat.

Or, un matin, l’alarme fut donnée et le bruit se répandit qu’une attaque plus formidable que les autres avait lieu.

En effet, le combat était terrible, le bruit caractéristique des moteurs et des hélices des avions pouvait être entendu de tous, ceci mêlé au bruit des canons et aux détonations des projectiles.

Huit à dix super-zeppelins accompagnés d’une douzaine d’avions de tous genres attaquaient la ville, et la flotte aérienne britannique et l’artillerie s’efforçaient non seulement de les éloigner mais surtout d’en abattre et en mettre hors de combat le plus grand nombre possible.

La foule, comme nous nous en doutons, s’était réfugiée dans les abris, d’autres ne voulaient rien perdre du spectacle à la fois superbe et terrible qu’il leur était donné de voir, et ils restaient sur les places publiques ou grimpaient sur les toits.

En effet, cela valait la peine d’être vu, deux avions allemands avaient été abattus, un anglais avait dû se retirer étant hors de combat, et la bataille faisait rage, des bombes lancées par les aéroplanes boches avaient touché leurs buts, des flammes surgissaient des édifices atteints et des murs s’écroulaient avec fracas. On était donc dans la période la plus héroïque du combat lorsque quelque chose d’inouï se produisit.

Soudain une masse noire, produisant un bruit étourdissant, descendit des profondeurs du ciel. La canonnade cessa comme par enchantement, les avions anglais se précipitèrent vers leurs bases et les Boches s’enfuirent comme si le diable fut à leurs