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tique nous n’avons qu’un droit, celui de rester chez nous, c’est-à-dire dans l’espace.

« Ah ben ! s’écria Titoine Pelquier en faisant la grimace, c’est pas ben amusant ça.

« Que veux-tu, mon pauvre ami, dit Baptiste en riant, tu connais le proverbe : « Noblesse oblige ». J’avoue qu’à la longue cela pourrait devenir monotone, mais lorsque l’on songe à ce que tous ces bonnes gens vont se figurer, le mystère qui nécessairement va envelopper notre présence qui sera énigmatique pour eux, il y a de quoi rire. Nous allons nous efforcer de la rendre plus mystérieuse encore et les esprits, déjà bouleversés par les tueries ignobles qui ensanglantent l’Europe, ne sauront que penser. Alors lorsque la scène aura été bien préparée nous nous révèlerons, formidable coup de théâtre qui jettera les peuples de la terre dans la plus profonde des perplexités.

« T’as du talent, fit Pelquier en le saluant, on voit ben qu’t’as fait ton cours. Mais est-ce que ça va durer ben longtemps cette promenade-là ?

« Eh ! mon cher, répondit Baptiste, aussi longtemps qu’il faudra pour que nous fassions le tour du monde. Nous devons nous manifester tout partout, qu’aucun coin de la terre ignore notre présence, enfin qu’aucun doute ne soit possible.

« Alors ça va ben, dit Pelquier, nous avons du tabac et du p’tit blanc pour une escousse, et p’t’être ben qu’en route y aura moyen de se procurer ce qu’il nous manquera.

« C’est bien ce que j’ai pensé, ajouta Baptiste, nous resterons en l’air le plus possible, ne descendant à terre que dans des endroits isolés, ceci pour renouveler notre provision d’eau et tuer du gibier, car notre réchaud électrique nous permet de cuisiner autant que nous le voulons.

« Allons-nous commencer par l’Amérique, par le Canada ? demanda Titoine.

« Non, répondit Baptiste en entraînant son ami vers sa cabine et lui montrant une carte de géographie. Nous allons traverser le Canada, les États-Unis, et nous nous rendrons dans l’Amérique du Sud en passant au-dessus du canal de Panama.

Il est plus que probable que nos lecteurs n’ont jamais eu l’avantage de faire le tour du monde en dirigeable. Nous devons avouer que cela serait très agréable, pour le présent la chose est assez difficile, mais si nous considérons bien le train dont vont les choses, il n’y aurait rien d’impossible qu’avant bien longtemps cela se réalisât.