Guillaume II haussa les épaules aux paroles de son fils, quant au chancelier, ému devant la générosité de son maître il se mit à genoux et lui baisa la main.
« Sire, dit le nouvel annobli, je ne trouve pas de mots assez éloquents pour vous exprimer toute ma reconnaissance.
Puis se relevant le chancelier poursuivit :
« Votre Majesté a-t-elle pris en considération les questions relatives à ce « Wawaron » dont la présence commence à émouvoir les esprits ? Nos parlementaires s’alarment à tort sans doute sur l’influence que pourrait prendre cet Empereur de l’Espace et de la prépondérance qu’il aurait peut-être sur la politique internationale. Voici, ajouta-t-il, en plaçant un document devant l’Empereur, un mémoire que la Commission Spéciale m’a chargé de remettre à Votre Majesté.
« Donnez, dit l’Empereur d’un ton sec.
Guillaume II prit le manuscrit, le lut attentivement, puis se levant il arpenta la pièce à plusieurs reprises une main derrière le dos, l’autre entre les boutons de son gilet, affectant ainsi une pose napoléonienne. (Ah ! ce Bonaparte qui était tout à la fois son idole et son cauchemar !) Enfin, après quelques minutes il s’arrêta devant son chancelier et lui dit :
« A-t-on quelques renseignements sur ce Baptiste et sur l’emplacement de cet Empire de l’Espace ?
« Oui, Sire, répondit le chancelier, mais sans toutefois avoir pu rien obtenir.
« Et ce Wararon, où est-il, où peut-on le trouver ? demanda Guillaume II.
« C’est plus que je puis vous dire, Sire, répondit le chancelier en baissant la tête.
« Alors ! s’écria le collaborateur au « Chiffon de Papier », en donnant sur le secrétaire un monumental coup de poing :
« On se moque de moi !
« Non, Sire, dit le chancelier en pâlissant, personne se moque de vous. Vos ordres ont été exécutés à la lettre, le service d’espionnage tout entier s’est mis à l’œuvre, s’en est occupé avec ardeur, et Votre Majesté sait fort bien que son service d’espionnage est remarquable et unique au monde.
« Ah ! pour cela, dit Guillaume II radouci et avec conviction, mes espions sont incomparables. Mais, par le diable, où donc peut-on trouver ce Wawaron ?
« Dans les airs, Sire, répondit Reindflesh.