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recherchés des gourmets qui s’en faisaient préparer des plats succulents.

Qu’un batracien occupe le bord des rivières ou des lacs il n’y a en cela rien qui soit étonnant, mais qu’un de cette espèce ait la fantaisie d’aller se promener dans les airs, cela dépassait toute compréhension.

Toujours en est-il qu’il existait ce « Wawaron », on l’avait observé, on avait reçu des cartes de lui, mais on conclut aussi que celui qui avait baptisé d’un tel nom l’auto-aérien devait être un voyageur ayant sur le Canada et particulièrement la Province de Québec, des connaissances peu communes.

C’était il faut l’avouer un singulier nom à donner à un auto-aérien, mais que voulez-vous, tous les goûts sont dans la nature.

On ne parlait plus du bolide, celui-ci avait disparu des conversations, et le « Wawaron » avait par sa présence changé le cours des idées.

Il en est ainsi ici-bas, l’esprit humain est variable et comme pour le vent il faut souvent très peu de chose pour changer son cours.

Mais ce qui restait à élucider c’était la question de l’Empire de l’Espace, empire jusqu’alors inconnu et qui peut-être allait être appelé à jouer un rôle important dans les questions de politique internationale. De quel côté ce nouvel empire se mettrait-il ? De quel côté ferait-il pencher la balance ? Vers celui des Puissances Centrales ou pour les Alliés ?

Ou comprend avec justesse qu’un empire possédant des dirigeables aussi perfectionnés que le « Wawaron » qui en quelques heures franchissait des distances fantastiques et mettait bien en arrière tous les modèles connus, possédant une puissance de propulsion dont on ne pouvait comprendre l’origine, s’illuminant à volonté et s’alimentant on ne savait où ni comment, étaient des questions qui demandaient réflexion, surtout sachant l’importance capitale de l’aérologie dans la guerre actuelle.

Les centres diplomatiques avaient cru entrevoir dans les lettres envoyées à certaines puissances par le duc de Sainte-Cunégonde au nom de Baptiste 1er , une certaine tendance en faveur des Alliés, mais rien d’assez positif pour qu’on pu former une opinion déterminée.

Donc on vivait dans l’attente.