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Tout semblait cependant vouloir en rester là, lorsqu’on apprit que peu de jours plus tard une lettre à peu près semblable était parvenue au bureau du ministère à Londres à l’Honorable Premier Ministre Lloyd George. Celui-ci, avec son flegme tout britannique, allait passer outre sans s’en inquiéter davantage lorsqu’il apprit à son grand étonnement que l’Honorable Georges Clemenceau, de Paris, en avait reçu une absolument identique.

Décidément la chose devenait plus sérieuse qu’on avait voulu le croire de prime abord et cela s’accentua davantage, lorsque l’on sut qu’une lettre analogue était parvenue à l’Empereur Guillaume II et enfin aux autres nations furent-elles belligérantes ou neutres.

La question de l’Empire de l’Espace prenait donc toutes les apparences d’une réalité, à moins toutefois qu’on fut en présence d’une mystification de haute envergure.

Mais le bouquet fut lorsqu’un beau soir le « Wawaron » passa tout illuminé au-dessus de Londres, mais quoiqu’il fût à une très grande hauteur on le vit passer tout illuminé et le lendemain matin ou trouva sur le sol des cartes portant ces simples mots : « Le Wawaron, P. R. V.. »

Alors il n’y eut plus à douter. Il existait donc ce fabuleux Wawaron.

Il se produisit, comme on le conçoit, un véritable déchaînement d’activité, non seulement dans le domaine administratif tant gouvernemental que militaire, mais les savants de toutes parts se livrèrent aux recherches les plus échevelées.

Les encyclopédistes fouillèrent les plus précieux et anciens manuscrits des bibliothèques, tout y passa, les dictionnaires les plus complets, les traités de géographies les plus impeccables, mais rien ne servit, le mystère de l’Empire de l’Espace restait de plus en plus impénétrable.

On allait désespérer lorsqu’un beau jour un journal de la Ville Lumière, le « Paris-Canada », publia un article signé « Un Canadien ».

Cet article disait que le « Wawaron était un reptile de la famille des batraciens, en somme une grenouille monstre que l’on rencontre en très grande quantité sur les bords du fleuve Saint-Laurent, au Canada, que les pâtés de ce batracien étaient fort