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encore à plusieurs reprises je renouvelai l’expérience et ceci avec toujours le même résultat.

« Voyons, me dis-je, il n’est pas naturel que cette pierre, à l’encontre de ce que feraient ses congénères, tombe sur le sol comme une plume, lorsqu’elle devrait tomber comme du plomb.

« Et me souvenant de ce que nous disait notre professeur, M. Latulippe, au collège de l’Assomption : « Il n’est pas d’effet sans cause », je constatais l’effet, mais la coquine de cause, que pouvait-elle bien être ?

« Je me mis de suite à l’œuvre et après bien des tâtonnements, bien des recherches, je finis par isoler deux éléments distincts, nouveaux pour moi, mais dont je ne pouvais poursuivre l’étude n’ayant pas sous la main le matériel ni le laboratoire voulu.

« Je me souvenais bien de l’endroit exact où j’avais trouvé cette pierre, j’y retournais les jours suivants et je fus assez heureux pour en trouver de semblables incrustées au rocher, mais je remarquais qu’en cet endroit seulement ce minerai existait et constatais en plus qu’on ne l’y trouvait qu’en très petite quantité. J’en pris quelques échantillons que j’emportais avec moi et je plaçais le tout en sûreté, remettant mes recherches au jour où je serais en position de les examiner comme je le désirais.

« En effet, un mois plus tard, nous plions bagage et au printemps je revenais à Montréal après avoir touché un montant assez respectable, fruit de mon labeur.

« Une des premières choses que je fis fut, comme bien tu t’en doutes, de me monter un laboratoire et continuer mes recherches sur mon précieux minerai.

« Ceux qui ont fait de la chimie savent aussi bien que moi les difficultés sans nombre qui existent pour arriver à isoler des éléments. Il faut des soins minutieux, constants, une attention infinie aux moindres détails, ceci d’autant plus que je n’avais pas à traiter des éléments connus, mais au contraire des substances inconnues. Il me fallait les isoler et prendre en considération toutes leurs propriétés physiques et chimiques.

« Je n’avais à ma disposition qu’une petite quantité de minerai, car je n’avais pu en emporter avec moi plus de cent livres.

« Après cinq mois d’un travail incessant, je finis par obtenir — et ceci grâce à la richesse extraordinaire du minerai que je possédais — un gramme de deux éléments dont je dus étudier les propriétés et les affinités.