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« Je veux en venir à ceci, c’est que c’est pas “chréquien” de vouloir persuader à un homme pour lequel on devrait avoir une certaine considération d’aller au mois d’août sur la terre de l’Égypte qui se trouve, comme vous le savez, en Afrique, comme je me le suis laissé dire.

« Mais, Monsieur, me dit un « p’tit Françâ » qui avait une lunette dans un œil et qui s’était approché, effectivement que l’Égypte est située en Afrique, mais dans le nord de ce continent.

« Y serait même situé dans le Nord-Ouest, que je lui réponds, que c’est pas un climat qui doit être considéré par un Canayen qui a femme et enfants et qui prend soin de sa santé aussi bien pour le chaud que pour le froid.

« Alors, s’écria le « Françâ », tous ici nous vous prenions pour un héros intrépide prêt à affronter les climats les plus sévères sans la moindre hésitation, et vous semblez avoir peur d’affronter les rigueurs de l’Afrique et comme le grand Napoléon dont vous ne faites que parler, vous, Monsieur Philias Duval, qui faites dans la pierre, hésiteriez-vous à vous faire, comme il le fit, contempler par les Pyramides ?

« Monsieur, lui dis-je suffocant, s’il y a quelqu’un ici qui a peur, ce n’est certainement pas moi.

Alors… s’écria le « Françâ… »

« Monsieur, dis-je, je…

« Il n’y a pas de « je », fit le Français en me tendant une carte de visite. Voici ma carte, vous devez savoir ce que cela veut dire, et si vous ne le savez pas demandez-le à vos témoins.

« Abasourdi, je me tournais vers le docteur Brindavoine qui me dit :

« Vous vous êtes mis là une belle chose sur les bras !

« Quoique je me suis mis ? lui dis-je de plus en plus étonné.

« Vous lui avez dit, ou du moins vous avez insinué qu’il était un peureux, un poltron si vous préférez.

« Moi ! m’écriais-je, mais je ne lui ai rien dit du tout.

« Nous en sommes témoins, firent les autres comme un seul homme.

« Vous devez accepter et vous battre, dit Brindavoine, ou il en sera de la réputation de l’estimable corporation de ceux qui comme vous font dans la pierre.

« Je ne répondis pas, me dit Duval, je restais digne et je sortis gravement au milieu du silence général. Ce matin je viens vous trouver et vous demander conseil.

« Monsieur Duval, lui dis-je vous me placez en face d’un