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pousais ma Délima qui me donna trois beaux enfants et je fis bâtir ma maison.

« Tout ceci est fort beau mais ne m’explique pas encore votre voyage dans les vieux pays, lui dis-je.

« J’arrive au point, continua Duval. Un jour, le cousin de la cousine de la femme de journée de ma femme, qui était conducteur sur les p’tits chars, me donna un livre sur la vie de Napoléon, l’empereur des Français, qui avait été publié en gravures par le journal « The Star ».

« Publié en gravures, que voulez-vous dire ? lui dis-je.

« Quelque chose comme une espèce d’album représentant le grand empereur depuis son enfance au collège jusqu’à sa mort sur l’Île Ste-Hélène, qu’on est prié de ne pas confondre avec celle qui se trouve en face de Montréal.

« Donc, mon bon Monsieur Courtemanche, j’ai regardé cet album page par page avec le plus grand intérêt, et quoique je ne suis pas un homme « instruite », ce dont vous vous êtes peut-être aperçu, je me suis dit : Philias Duval, maintenant que t’as de l’argent et que tu peux faire comme les vrais monsieurs, t’es pas pour mourir avant d’aller voir la vieille mère-patrie et les endroits « éiousqu’il » a vécu le grand Napoléon.

« Voyager, c’est « ben » simple, cela est vrai, pour un homme « d’inducation », mais pour un Canayen qui a passé la plus grande partie de sa vie à faire dans la pierre, c’est pas si commode, aussi je m’en suis allé trouver une de mes connaissances qui a fait son cours au Collège de Ste-Thérèse, et je lui ai demandé ses avis. J’ai lu quelque part, lui dis-je, qu’il y avait des gens qui voyageaient incognito ou quelque chose de même, comment faut-il faire ?

Après m’avoir considéré, il me répondit :

« Mon vieux, voyage comme t’es !

« Vous voyez que j’ai suivi son conseil et me voici.

« Je considérais Philias Duval avec intérêt, poursuivit Baptiste Courtemanche, et je lui répondis :

« Monsieur Duval, vous avez agi en vrai patriote et en homme bien pensant, aussi quoique mon temps soit très limité, veuillez me dire en quoi je puis vous être utile.

« Eh bien, Monsieur, dit Duval, j’aimerais que vous me pilotiez un peu à travers la ville, car je vous avoue que je m’y sens complètement perdu.

« Ouf ! pensais-je, comment vais-je faire pour me débarras-