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« Mais c’est moi ! dis-je plus étonné que jamais, qui êtes-vous ?

« Je me nomme Philias Duval, dit-il, j’arrive de Montréal et ce matin m’étant rendu au Bureau Canadien on m’a donné votre adresse comme étant celui le plus à même de me faire visiter Paris.

« En voilà une bonne, pensai-je, balader ce brave homme à travers Paris, ceci n’est pas exactement une sinécure, ils en ont des drôles d’idées au bureau canadien, enfin, exécutons-nous.

« Enchanté de vous connaître, M. Duval, veuillez me suivre, je vais vous conduire à ma chambre.

« Le bonhomme s’installa dans la meilleure chaise que Madame Lenflé, la propriétaire, avait mise à ma disposition, et commença son récit.


III

UN VOYAGEUR PEU ORDINAIRE.


« Comme je viens d’avoir l’honneur de vous le dire, me dit Duval, je ne suis à Paris que depuis quelques jours et très embarrassé de me trouver dans une aussi grande ville, ne sachant où diriger mes pas et ne connaissant personne.

« Vous vous demandez sans doute comment il se fait que je sois rendu icitte et par quelle suite de circonstances je me suis décidé à laisser ma famille, mon intérieur, pour courir le monde.

« Je vous dois, pour votre gouverne, quelques mots d’explications.

« Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, je me nomme Philias Duval, j’habite à Montréal une maison que j’ai fait bâtir non loin des anciens terrains des exhibitions », avenue Bloomfield, si vous connaissez ça ? De mon métier je fais dans la bâtisse (sic). J’suis « enteurpreneur ».

« Je suis né quelque part dans le Grand-Nord, près des Isles de Sorel. Mon père qui était fermier en service d’un « gros habitant » m’envoya après que j’eusse fait ma première communion chez un de mes parents qui était lui-même fermier au service d’un seigneur, non loin de Berthier. Après trois ans d’apprentissage, mon père m’envoya aux Trois-Rivières chez un de mes cousins qui m’employa d’abord pour la brique puis ensuite qui me fit faire dans la pierre. Ah ! Monsieur Courtemanche, la pierre c’est de l’or en barre. D’ouvrier je devins foreman, puis je fis à mon compte et je devins « enteurpreneur ». C’est alors que j’é-