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baigné de soleil et riche en ceps féconds, près de Sacy, qui a vu naître l’étrange Restif de la Bretonne, à quelques lieues du riche Chablis, les Chevallier, jusqu’à celui qui devait être le père de Gavarni, n’ont point abandonné leur village du Mont-Saint-Sulpice, un coquet et heureux village où l’on savoure le vin récolté et où les femmes sont jolies.

Né rue des Vieilles-Haudriettes, destiné à faire ses premiers pas dans ce Paris dont il sera le peintre le plus complet, dont il connaîtra les beautés, les tares, les vices et les ridicules, le jeune Guillaume écoutera d’abord les dialogues verveux où s’extérioriseront le doux épicurisme de son père et l’esprit gavroche de son oncle Thiémet. Il rira aux farces qui émaillent la causerie, n’oubliera jamais les plaisanteries de baladin, les inventions baroques et mystificatrices de cet oncle destiné, par sa profession, à faire s’esclaffer son prochain, et conservera, parmi ses souvenirs puérils et plaisants, celui des récréations que lui étaient les visites à Guillaume Thiémet qui, goutteux et presque invalide, savait encore de bons tours pour amuser ceux qui le venaient voir.

L’harmonie de cette famille, l’agrément qu’il y trouva, aideront à la sensibilité charmante de l’enfant et laisseront plus tard, chez l’homme, cette tendresse qui fut une des beautés de son caractère et lui permit, plus haut que toute affection, de garder le culte de l’amour filial et de l’amitié.

Toutefois l’esprit bourguignon, voire gaulois, de ses parents mâles ne garantissait pas Guillaume contre les difficultés de la vie. Chez les Chevallier on était sans souci, mais point riche, et un garçon ne devait pas attendre d’être un homme pour apprendre un métier. On décida que Guillaume serait commis-architecte, emploi correct pour le fils d’un citoyen qui, par la protection de Bailly, avait figuré dans un comité révolutionnaire, avait joué sa tête, l’avait gardée et ne tenait plus à la risquer pour une opinion.

Les Goncourt, qui nous ont laissé un livre si précieux sur leur vieil ami Gavarni, nous racontent, d’après les souvenirs